Sortir prendre l’air pour se changer les idées, discuter, faire passer ses angoisses ou tout simplement écouter les oiseaux chanter. Avec l’arrivée des beaux jours, l’envie d’être dehors se fait plus pressante. Encore faut-il avoir la possibilité de passer le pas de la porte. Est-ce d’ailleurs possible pour les personnes souffrant de maladies neurodégénératives, ou doivent-elles se satisfaire de regarder la nature s’éveiller par la fenêtre ? S’il est difficile de connaître le nombre exact d’établissements sociaux et médico-sociaux équipés d’un extérieur aménagé et, surtout, accessible et adapté, les experts constatent depuis plusieurs années qu’un mouvement est engagé.
Les installations se sont démocratisées, même avec un budget limité. Le problème financier n’est toutefois pas le seul. Pour qu’un projet aboutisse, la question de la superficie disponible en extérieur se pose. Quant à ceux qui ont l’espace de verdure suffisant, ils ne sont pas exempts d’obstacles. Car se lancer dans un projet d’aménagement demande un engagement collectif. C’est le secret de la réussite. La co-construction est la seule solution pérenne pour faire vivre le jardin. Avec des équipes en sous-effectif chronique, il n’est pas question de rajouter le poids de son entretien sur les épaules déjà bien chargées des professionnels. La réflexion en amont est donc essentielle autour des usages et de l’implication de tous.
Si le jardin thérapeutique est une base matérielle et non une fin en soi, il doit avant tout être un aménagement rassurant, avec une compréhension de l’espace et des repères pour les personnes atteintes de troubles cognitifs. Cette pièce sur l’extérieur est ainsi un support mis à la disposition des usagers, dès lors que l’équipe l’intègre dans son projet de soin.
Le jardin thérapeutique n’a cependant pas de pouvoir magique, car c’est bien l’accompagnement professionnel et humain qui peut apporter la plus-value recherchée. Reste à former les soignants, qui n’ont été ni sensibilisés ni même informés sur les bienfaits de la nature lors de leurs cursus initiaux. Au-delà de l’enjeu de la liberté d’aller et venir, qui se pose forcément, le rôle joué par l’environnement enrichi (par des modules stimulant les capacités cognitivo-comportementales), promoteur de santé et de bienveillance, pourrait être à l’avenir un pilier des futures politiques de santé publique. C’est en tout cas le souhait de nombreux chercheurs et gérontologues.