A partir du mois de juin, les repas sont servis dans le jardin, les têtes sont protégées du soleil et l’ambiance y est agréable, les résidents semblent plus détendus ainsi que le personnel. Certains y restent tout l’après-midi comme pour prolonger le plaisir. Lorsqu’il pleut beaucoup et que le sol devient glissant ou qu’il vente fort, par mesure de sécurité, le jardin est fermé ; l’espace de déambulation, devenu restreint, induit généralement une augmentation de l’anxiété et de l’agitation due à la promiscuité, ce qui requiert un recours à la médication. Il arrive que les tensions montent, que des personnes ne se supportent pas. Alors un tour est proposé auprès de la nature, à proximité du portail. On fait diversion. En avançant, on rappelle la présence de l’arbre, on le fait toucher, on fait lever la tête pour montrer le ciel, on loue la beauté des plantes. Souvent, on propose une halte sur un des bancs éparpillés partout dans cet espace de réconciliation. Le halètement dû à l’énervement et à la fatigue s’estompe.
Lorsque la charge mentale est lourde pour les soignants, compte tenu de notre travail nécessitant beaucoup de patience et d’énergie, sortir prendre l’air, faire le tour du jardin permet de se détendre et de prendre du recul par rapport aux situations difficiles.
Dahbia Ait Ali, assistante de soins en gérontologie à l’unité cognitivo-comportementale du CHRU de Nancy