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« On sent une démocratisation »

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A l’heure où les thérapies non médicamenteuses ont le vent en poupe et sont désormais recommandées et reconnues par la Haute Autorité de santé, de plus en plus de jardins thérapeutiques fleurissent dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Rencontre avec Philippe Walch, entrepreneur paysagiste et formateur pendant 35 ans, qui est aujourd’hui à la tête de la Fédération française Jardins, nature et santé.
Jardin thérapeutique, jardin de soin, jardin de santé. Derrière tous ces mots, les définitions sont-elles les mêmes ?

Philippe Walch : Pour le grand public, c’est exactement la même chose. Mais les puristes vont y mettre quelques bémols. Par exemple, je trouve que les termes « jardin de santé » induisent des confusions avec certains médecins, qui y voient plutôt le jardin autour d’un parcours sportif ou de santé. C’est d’ailleurs un joli contresens. Pour l’expression « jardin de soin », on se rapproche du programme des soins de manière holistique, c’est-à-dire dans sa globalité, avec les trois niveaux : mental, physique et psychique. Le « jardin thérapeutique » ajoute, quant à lui, une connotation qui résume tout. Le mot « thérapeutique » est très fort. L’objectif n’est pas de mettre les mains dans la terre, mais de se sentir bien en trois minutes chrono, rien qu’en sortant respirer l’air du jardin.

La réussite d’un jardin thérapeutique est-elle liée à la notion d’engagement partenarial ?

Tout à fait. La relation partenariale est un gage de réussite. Les concepteurs-réalisateurs ne sont pas des spécialistes du soin, et c’est une bonne chose. D’où la nécessité de la collaboration avec les équipes de soin. On a une position parfaite avec le recul, les limites et les aspects techniques. On va regarder le projet qui est de plus en plus précis et qui prend en compte la normalisation. En réalité, le paysagiste parle aujourd’hui davantage d’adaptation que de normalisation, pour répondre aux attentes des soignants. Ce sont tous nos échanges qui vont donner naissance à un jardin adapté.

Quels sont justement les bénéfices du jardin thérapeutique ?

Quand un soignant emmène une personne au jardin, notamment une personne âgée, la fatigue naturelle s’installe, non celle induite par des médicaments. Le jardin va faire baisser l’anxiété. Ainsi, lorsqu’une personne répète la même chose, le simple fait de la conduire en extérieur va provoquer une régulation, un bien-être. Des études scientifiques prouvent ces bienfaits. Et lorsqu’il y a du vent ou de la pluie, positionner les personnes devant la fenêtre (et non devant la télévision) va occasionner du bien-être. Le temps passe également plus vite. La dimension psychosociale du jardin n’est pas à négliger. Les psychiatres considèrent que quelqu’un qui ne va pas bien, c’est une personne qui va se refermer sur elle, s’isoler. Or le simple fait d’être au contact de la nature, dehors, va lui permettre de s’ouvrir progressivement aux autres. Le jardin est un lieu universel qui entre dans les interventions non médicamenteuses, au même titre que la musicothérapie – pour ne citer qu’elle.

Quels sont les garde-fous qui vont favoriser la pérennité du jardin, une fois le concepteur parti ?

C’est la grosse limite du jardin. C’est toujours un souci pour nous les paysagistes, car une fois partis, nous n’avons plus la main dessus. Tout le monde trouve l’aménagement particulièrement réussi le jour de l’inauguration. Mais nous, nous pensons déjà à l’après. Nous devons le préparer dès la conception. Tous les participants savent qu’ils s’engagent lors des trois réunions préparatoires. Nous devons donc désigner un volontaire qui deviendra le référent du jardin. Il veillera à ce qu’il soit fréquenté, mais n’assurera pas son entretien. Dès le début, nous devons également prévoir dans l’enveloppe budgétaire un contrat d’entretien signé sur deux ans. Ces questions sont débattues dès les réunions préparatoires. Finalement, nous signons un contrat moral et nous devons leur dire : « Vous vous engagez, vous avez un aménagement, faites en sorte que les résidents en profitent ! » C’est tellement décevant quand un jardin thérapeutique est déserté bien qu’il fasse beau, et alors que nous savons pertinemment que les professionnels qui les utilisent au quotidien sont particulièrement heureux, connaissant tous ses bienfaits.

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