Esthétiquement réussis, dotés de beaux aménagements paysagers et de tous les équipements nécessaires, les jardins – on le sait – sont parfois peu ou pas utilisés, devenant de belles « vitrines », de beaux « décors » dépourvus de sens pour ceux qu’ils visent. Dans d’autres cas, le jardin est mobilisé pour quelques activités thérapeutiques, au risque d’être réduit à une « recette », un « remède », réponse à un symptôme lié à une maladie ou un handicap. Parmi les principaux facteurs de réussite ?, retenons le fait que cet espace fasse partie intégrante du projet d’établissement, et que le plus grand nombre y adhère et y soit associé, autour d’une conviction partagée quant aux bienfaits de la nature. A la fois support à l’accompagnement et cadre favorable pour une vie « ordinaire », le projet – nécessairement singulier – de jardin d’une structure impose de résister à une vision standardisée de ce qu’il doit être. Mais aussi de mener un travail de réflexion partagée sur la liberté d’aller et venir, sur le droit au risque, afin que les portes d’accès au jardin ne restent pas closes par peur du danger.
Marion Villez, enseignante-chercheuse en sociologie à l’université Paris-Est Créteil