Les derniers vestiges de la friche autrefois occupée par l’unité de recherche en agrochimie de la société Archemis ont peu à peu été recouverts de végétation. Deux coulées vertes traversent l’ancien site reconverti en espace de vie. En chantier depuis 2016, le nouveau quartier D-Side comptera à terme 20 000 m2 d’espaces verts et 120 000 m2 d’activités économiques et médico-sociales, de logements, de services et d’équipements. Au total, 1 500 emplois sont espérés sur le site.
Terrain d’expérience – labellisé « Territoire 100 % inclusif » par le secrétariat d’Etat chargé des personnes handicapées – l’initiative qui s’inscrit dans le cadre d’un projet urbain partenarial entre l’aménageur-promoteur EMC, la métropole de Lyon et la ville de Décines a été désignée comme le premier laboratoire médico-social 100 % inclusif. L’Ehpad Albert-Morlot, doté de 80 lits et de deux unités de vie Alzheimer et Parkinson, a été le premier sur site, suivi par une maison d’accueil spécialisée (MAS) pour personnes atteintes d’autisme gérée par la Fondation OVE. A l’autre bout du jardin partagé, une résidence intergénérationnelle de 114 logements a vu le jour, comprenant un cabinet de kinésithérapeutes et un centre d’action médico-sociale précoce tenu par l’Association pour adultes et jeunes handicapés. Enfin, une plateforme de soins, d’hébergement et de services d’APF France handicap a été officialisée en 2023.
L’objectif de ce regroupement sur un même espace de vie : combattre l’exclusion sociale en facilitant les déplacements et en changeant les mentalités. « Nous voulons que tout le monde vive et travaille en communauté. Pour cela, nous avons pensé une approche globale du bien-être, du bien vivre ensemble et du bien vieillir, dans laquelle les notions d’accueil et d’apaisement sont primordiales. A terme, le mot inclusion devrait disparaître pour devenir la norme », explique Yvan Patet, président d’EM2C et promoteur de l’opération. Surtout, les acteurs plaident pour le décloisonnement institutionnel. « Dans un esprit de collaboration et de solidarité, le rôle de l’Ehpad ne doit pas s’arrêter à ses murs », assure Bruno Marquet, président de l’association gestionnaire de la maison de retraite. Depuis son ouverture, une activité de musico-thérapie est par exemple organisée avec les résidents de la MAS voisine. « C’est aussi la possibilité de mutualiser le personnel soignant, et notamment les infirmiers dans un contexte de pénurie », abonde Bruno Marquet. Plus largement, l’ouverture sur la société prime. « Notre accompagnement vise à faire de nos résidents des habitants de la ville et des citoyens à part entière. Cela passe par un travail avec les associations locales et non en restant enfermés, coupés de l’extérieur », défend Yvan Revellin, directeur du territoire 69 Nord Est pour la Fondation OVE.
Le défi passe également par le fait de pouvoir se déplacer dans la ville. Les équipes de la conseillère à l’inclusion et au handicap de la ville de Décines planchent sur les freins à l’accessibilité et une signalétique adaptée à tous. Les résidents du quartier D-Side pourront alors se rendre au sein du nouveau tiers-lieu situé à deux pâtés de maison. « On travaille avec le centre social, les associations du secteur, les habitants, pour constituer un vivier d’intervenants. On veut que ce soit tout sauf un ghetto », pointe Gaël Brand, directeur de la vie associative d’APF France handicap Rhône qui gère le tiers-lieu.
Sur le plan politique comme dans le secteur social, les protagonistes espèrent faire de D-Side un modèle. « On travaille souvent projet par projet, ou établissement par établissement. Ici, on change d’échelle avec une vision de l’inclusion portée au niveau de tout un quartier. Notre volonté est de créer un “démonstrateur” sur la métropole et partout en France », affirme le président de la métropole de Lyon Bruno Bernard.
D’ici un an, un immeuble de 6 000 m2 avec des commerces devrait voir le jour à proximité de la ligne de tramway, complété par une nouvelle résidence seniors d’une quarantaine de logements. Enfin, un parc d’activités est annoncé pour 2026. Au total, le coût du projet est estimé à 160 millions d’euros.