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« Je crois en la rédemption »

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Chaque mois, des néophytes du travail social racontent pourquoi ils ont choisi leur métier et comment ils envisagent l’avenir.

En 2022, après mon master en droit pénal, je suis bien plus attirée par la profession de juge, fonction que je trouve plus humaine, que celle d’avocat ou de notaire. Je m’inscris donc au concours d’entrée à l’école de la magistrature (ENM). Hasard du calendrier : le concours de conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (Cpip) se déroulait juste avant.

Je ne connaissais pas ce métier, exercé par seulement 3 000 personnes en France. J’avais entendu parler du Spip (service pénitentiaire d’insertion et probation) au travers de mon mémoire sur la sexualité en détention. Sur le papier, Cpip correspondait vraiment à mes attentes : un triptyque entre le juridique, le social et la psychologie. Je candidate donc et obtiens le concours… et pas celui de la magistrature.

Avec du recul, je prends conscience que cette issue a été guidée par mon désir de me sentir utile, et par mes convictions sur la fonction de la loi. Je crois en la rédemption. Une personne qui commet une infraction ne doit pas souffrir inutilement pour expier ses fautes, mais doit prendre conscience des conséquences de son acte. Je suis probablement influencée par mon éducation religieuse, avec l’idée qu’on peut s’améliorer. Même en ayant commis le pire.

Mon premier entretien en autonomie a été marqué par une rencontre chargée en regards et en émotions avec une personne tout juste arrivée en prison qui me confiait sa vulnérabilité. J’accompagne le condamné à comprendre l’engrenage ayant conduit au passage à l’acte, à la reconnaissance de la victime, la stabilisation de situations précaires, l’adhésion aux soins. Chaque entretien est une opportunité de la faire avancer, de la sortir d’un schéma de persécution.

Je suis touchée par les parcours de vie, souvent compliqués, au-delà des raisons de la condamnation. J’apprends à gérer des situations complexes, à écouter, poser les bonnes questions, et à trouver un équilibre entre le travail de responsabilisation, les démarches administratives et le soutien psychologique.

Nous avons une relative liberté d’action pour mener notre mission première : prévenir la récidive et favoriser la réinsertion. Mais, il n’est pas toujours facile de dépasser notre agacement face à des propos souvent misogynes. Comme lors d’un stage de responsabilisation des auteurs de violences conjugales. Les participants percevaient la justice comme étant une « justice de femmes » en raison de la féminisation de la profession. Nous tentons de déconstruire leurs représentations…

Aujourd’hui en fin de formation, j’éprouve un sentiment d’utilité, mais parfois d’impuissance quand on choisit de ne pas saisir la main tendue. Je m’accroche aux graines que je sème, même si je ne les verrai pas toujours pousser.

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