Football, remise en forme, sport d’opposition, renforcement musculaire, piscine, tennis de table… A la Boutique solidarité de la Fondation Abbé-Pierre, à Reims, les propositions d’activités physiques se succèdent du lundi au vendredi, presque sans interruption. On pourrait se croire dans un club. On est dans un accueil de jour qui a reçu l’an dernier plus de 1 200 personnes précaires, pour la plupart sans domicile fixe.
Fait rarissime : l’établissement dispose non seulement de deux éducateurs sportifs – sans compter le directeur de l’établissement, qui a occupé la même fonction avant de prendre du galon –, mais aussi d’une salle de sport et d’un espace extérieur aménagé avec des sacs de frappe, des chaises romaines et des anneaux.
« Nous nous sommes aperçus que le sport avait trois vertus en particulier, explique l’éducateur sportif Bertrand Loc-Tave. Il permet de créer un contact plus facile avec les personnes et de les orienter ensuite vers nos collègues éducateurs spécialisés s’ils ont besoin d’effectuer des démarches. Il offre ensuite la possibilité à ceux qui se sentent isolés de rencontrer d’autres personnes, de se défouler et de se vider la tête. Enfin, il est un moyen de faire un bilan de l’état de santé des pratiquants. »
Le dispositif n’est pas pour déplaire à Pierrick. Il fréquente l’accueil de jour depuis une vingtaine d’années. Et depuis deux ans, il ne quitte plus la salle. « Le sport, c’est de l’énergie à réinvestir dans tous les domaines, estime-t-il. On ne développe pas seulement des qualités physiques, on s’astreint à une discipline, à des règles… C’est un investissement personnel qu’on peut transposer pour aller vers l’insertion, la santé… »
Pour cet homme de 41 ans, le sport a été salvateur : il lui a permis de décrocher de l’alcool, lorsqu’il a intégré un appartement après cinq à six ans de rue. « Après une cure, on a tendance à reprendre rapidement ses mauvaises habitudes. Le sport est un excellent moyen de substitution aux addictions, parce qu’il nous sort de la routine. »