Habituellement, on n’associe pas la pratique d’une activité physique avec le polyhandicap. Pourtant, l’établissement Quelque Chose en plus, à Vaucresson (Hauts-de-Seine), prouve le contraire. Cette structure qui accueille 15 enfants et adolescents âgés de 5 à 20 ans atteints de polyhandicap défie les préjugés en misant sur davantage d’activités physiques pour l’ensemble de ses jeunes résidents.
Le credo de Kristell Bouaziz, la directrice : permettre à chaque jeune résident de développer une activité sportive de manière régulière et durable. Sa première initiative a été de doubler le temps d’intervention de l’éducateur sportif, un prestataire extérieur, qui exerce depuis dix ans au sein de la structure. « Chaque jeudi, il intervient deux heures supplémentaires auprès de nos jeunes, hors de notre structure, dans le gymnase que la ville nous prête pour l’occasion, grâce à une convention que nous avons signée », annonce-t-elle.
L’espace multisport est équipé de grands tapis, de poutres, d’arceaux, etc. Tout le matériel nécessaire pour explorer une autre mobilité, les corps libérés des fauteuils et corsets qui les entravent et limitent leurs mouvements. Pour un après-midi, le gymnase se transforme en un immense terrain de jeu : on se roule par terre, on rampe, on touche les matières, on se remet dans sa verticalité, en toute sécurité. Tout est prétexte à remettre les enfants en mouvement, à leur permettre d’explorer et de mobiliser leur corps différemment. « Nous leur offrons l’opportunité d’élargir leurs horizons, ajoute Kristell Bouaziz, en découvrant de nouvelles sensations à travers une autre manière de bouger. Et tout cela par le jeu ! »
Ce jour-là, l’éducateur sportif est assisté par l’enseignante ainsi que des professionnels éducatifs de l’établissement. L’accompagnement s’effectue en « one to one », avec un adulte pour un jeune, afin d’aider celui-ci à marcher, de le soutenir, de le mettre au sol ou de le relever. Ces actions subtiles mettent tout le corps en jeu, permettant aux enfants de prendre appui, de solliciter leurs os, de grandir plus facilement et de gagner en mobilité. « Les enfants expriment par des rires et des sourires leur plaisir de bouger et d’être bougés », observe la directrice.
Un autre avantage est que, « le jour où ils ont sport », les parents remarquent que leurs enfants dorment mieux. « Pour ceux qui ont des troubles du sommeil, nous avons intensifié l’effort sportif, poursuit-elle. La fatigue physique réduit leurs difficultés d’endormissement » De plus, les enfants manifestent davantage d’interactions entre eux. Cet avantage est particulièrement précieux pour les adolescents, qui ont besoin de se sentir appartenir à un groupe. « Le sport est un excellent vecteur de rencontres », remarque-t-elle. L’expérience devient même « banale » : « La mairie ne fait plus de distinction entre les écoles, les associations sportives et nous. Elle nous demande quel créneau sportif nous souhaitons réserver pour l’année prochaine. Cela signifie que nous sommes considérés comme tous les autres établissements ordinaires », conclut-elle. La preuve que les mentalités changent, dans le bon sens.