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« Le plus urgent est de donner un accès libre à tous les Ehpad »

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Partons du principe que ces caméras seraient mises en place par la direction et qu’elle en visualiserait les images. S’il y a des faits de maltraitance ou des gestes brusques de la part d’une soignante, les familles seraient-elles mises au courant ? Je pense que la vidéosurveillance peut avoir un intérêt en cas de chute, mais ce matériel ne doit pas remplacer le personnel. Au lieu d’aller régulièrement faire le tour des chambres, les aides-soignantes risquent de se dire que, de toutes manières, il y a le moniteur de la caméra dans la salle de pause. Ce serait au détriment du contact, de la relation, d’autant qu’un grand nombre de personnes en Ehpad n’ont pas de familles. Et puis, il faudrait que ces caméras s’éteignent lorsque les proches se retrouvent avec les résidents. Dans ces moments-là, nous embrassons nos parents, il y a des moments d’intimité qui n’ont pas à être partagés avec toute l’équipe. A l’inverse, quand ce sont les familles qui placent elles-mêmes des caméras pour prouver qu’il y a des actes de maltraitance, à l’insu de la direction et du soignant, cela pose un problème d’éthique. Il faut privilégier le dialogue avant tout.

Confiance réciproque

Pour nous, le plus urgent est de donner un accès libre à tous les établissements. Actuellement, il y a une disparité d’ouverture aux familles qui est incroyable et beaucoup d’entre nous ne peuvent pas aller voir leurs parents le matin. Qu’est-ce qu’on nous cache ? On nous dit que c’est à cause des soins, mais soyons sérieux, une toilette c’est en moyenne 16 minutes. Si nous pouvions venir à n’importe quelle heure, cela nous permettrait de constater certaines choses. Refuser l’accès aux familles lorsqu’elles le souhaitent, c’est aussi une maltraitance.

Nous militons également pour un meilleur fonctionnement du conseil de la vie sociale (CVS)(1) où nous aurions une voix exécutive. On sent encore trop de rivalités et de clivages entre les familles et les soignants, alors que nous nous complétons. Il faut davantage de dialogue et beaucoup de choses se règleraient.

Pour l’heure, de nombreux parents n’osent rien dire, parce qu’ils craignent que l’établissement ne rompe le contrat de séjour. C’est la peur des représailles. Plutôt que d’installer des caméras, je souhaite que l’Ehpad cesse d’être une prison avec un « droit de visite ». C’est quand vous allez au parloir, que l’on demande un droit de visite ! Les résidents n’y sont pas chez eux, parce qu’ils dépendent du code de l’action sociale. Nous sommes pour la refonte des Ehpad et pour passer sous le code de l’habitat. Chaque personne âgée doit y être reconnue comme un citoyen à part entière.

Notes

(1) Pour une information détaillée sur le CSV, voir notre dossier juridique dans ASH n° 3265 du 25-06-22, p. 14.

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