Etre ou ne pas être visible socialement. C’est le sous-titre de l’essai de Philippe Merlier. Auteur, par ailleurs, de deux ouvrages sur l’éthique du travail social, le philosophe s’intéresse cette fois à la discrétion, en tant que vertu non pas morale mais sociale, en dissociant l’invisibilité subie de l’invisibilité choisie. Car s’il arrive à certains, par prudence, retenue ou calcul, de « désapparaître » ou de « briller par leur absence », d’autres s’auto-excluent pour se protéger d’un danger (un conjoint violent, l’administration pour les demandeurs d’asile…), de discriminations ou du mépris social à leur égard. « S’absenter peut être, en effet, une forme d’appel à l’aide, et les travailleurs sociaux le savent bien, qui diagnostiquent les besoins des usagers qui n’honorent pas leur rendez-vous », souligne l’auteur. Des professionnels eux-mêmes invisibilisés. Une lecture exigeante sur la reconnaissance des fragilités humaines.
« De la discrétion. Etre ou ne pas être visible socialement », Philippe Merlier, éd. Le Bord de l’eau, 22 €.