Tom est un homme de 40 ans en situation de handicap. De profession intermédiaire, il dispose d’un salaire (150 en monnaie factice) et d’une maison, fruit d’un héritage. Lorsqu’il lance les dés, il doit décompter deux points, reflet de ses difficultés de mobilité et des discriminations en tous genres dont il peut être victime. En gare, Tom ne peut se déplacer comme les autres joueurs. Et pour cause : seule une gare sur cinq est accessible aux personnes à mobilité réduite en France. Bien sûr, ce personnage est fictif. Mais il s’appuie sur les données, bien réelles, de l’Observatoire des inégalités. Et c’est tout l’objet de son « Monopoly des inégalités » : en incarnant un personnage, chaque joueur découvre comment les règles s’appliquent différemment en fonction de son sexe, de sa couleur de peau ou de sa catégorie sociale. Porté par l’ambition d’« informer sans enfermer » dans un constat fataliste, il montre aussi comment réduire les inégalités et se défendre contre les discriminations, à travers les mécanismes de redistribution, la justice ou encore la vie associative.
Destiné depuis 2022 aux 11-25 ans, l’outil évolue avec une version désormais dédiée aux adultes. Le plateau comme les billets de banque – ceux tout simplement de l’éditeur original Hasbro – ne changent pas. Les cartes « chance » et « caisse de communautés » sont toujours remplacées par des cartes « événements » reflétant les inégalités de logement, de santé, de revenus, de pratiques culturelles, etc. Mais elles ont été adaptées et complétées par des données nouvelles sur le monde du travail ou la fracture numérique. « Nos équipes peuvent intervenir de deux manières, explique Anne Brunner, directrice des études à l’Observatoire des inégalités. Soit elles animent auprès des professionnels des temps de réflexion de deux heures, complétés ou non par la construction d’un plan d’action. Au-delà de l’intérêt de prendre du recul sur les situations, c’est un excellent moyen de créer de la cohésion lors, par exemple, d’un séminaire. Soit, seconde option, nos équipes forment les travailleurs sociaux pour qu’ils puissent utiliser l’outil avec leur public. Auquel cas, on leur fournit le matériel. » Selon une première évaluation réalisée par l’Observatoire, neuf personnes sur dix recommanderaient ces ateliers à leurs collègues. Et pour ceux qui souhaitent intervenir auprès du jeune public, il est toujours possible de se procurer la « boîte à outils », avec son guide pédagogique, disponible sur le site de l’Observatoire.
La maison, les activités, l’école, les toilettes, les taxis, « oui », « non », « encore »… Aux deux Instituts d’éducation motrice (IEM), Le Passage et la Source dans le Nord, la mode est aux pictogrammes, qu’arborent souvent autour du cou les professionnels de l’établissement. Découpés, plastifiés et rassemblés dans un porte-clés, ils représentent les signes les plus fréquemment utilisés par les jeunes accueillis, porteurs de polyhandicap ou de maladies rares. Une version complémentaire, plus souple et facile d’accès, des PODD, ces classeurs de communication individuels détenus par chacun des 52 jeunes de l’établissement. « On parle souvent d’autodétermination mais elle est compliquée à mettre en place lorsqu’on ne parvient pas à comprendre ce que dit la personne, explique Juliette Cartier, cadre de direction du Groupement des associations partenaires des actions sociales (Gapas). On a donc décidé de travailler la communication. » Depuis 18 mois, six professionnels volontaires se réunissent tous les quinze jours pour réfléchir à des outils collectifs et individuels favorisant la communication des personnes. D’autres outils devraient suivre, avec, sur le même modèle, le développement de pictogrammes utiles lors des activités que déploie l’association.
Contact :