Après le bac, je ne savais pas ce que je voulais faire mais j’étais attirée par les métiers de l’humain. D’autant que l’on me disait « sociable, positive, très à l’écoute, et capable de prodiguer de bons conseils ». Ma mère est TISF (technicienne de l’intervention sociale et familiale). Son conjoint, éducateur spécialisé de formation, est chef de service. Ils me racontaient leurs journées intenses, leurs difficultés. Leur quotidien et leurs conversations me passionnaient.
En 2022, j’ai finalement choisi de faire comme ma mère et de travailler autour de la parentalité. En formation, les cours sur le développement de l’enfant, ses émotions et son éveil m’ont enthousiasmée. J’ai découvert l’importance de la période entre 0 et 3 ans, la place des souvenirs. J’ai aussi beaucoup appris lors d’activités ludiques, notamment pour les enfants présentant un trouble autistique. Les cours sur la communication m’ont donné des clés pour mieux comprendre la personne accompagnée, respecter son rythme et ses choix.
Mes stages en crèche dans un foyer de l’enfance, puis à domicile auprès des familles, ont été riches. Comme ceux où j’ai dû aider un père seul avec ses cinq enfants, une maman vivant une grossesse pathologique, ou encore épauler une famille devant gérer les crises de son enfant autiste. Je me suis sentie utile. Je repartais tous les jours avec une multitude de questions : est-ce qu’on a trouvé la bonne solution pour cet enfant ? N’aurait-on pas pu faire autrement ? Comment échanger avec un enfant qui ne communique pas avec des mots ? Faut-il être proche d’un enfant ? Le suis-je trop ? Pas assez ? Je me souviens d’une fille qui n’avait envie de rien. Qaund je lui ai demandé ce qu’elle voulait faire plus tard, elle a fini par me livrer vouloir être guitariste professionnelle. Je lui ai alors confié ma guitare. C’est ce qui l’a fait avancer.
J’ai aussi vécu une mauvaise expérience de stage avec une formatrice qui me dévalorisait constamment. Cela a été difficile mais je suis restée sur ma ligne. Mon diplôme de TISF me permet d’exercer depuis un an comme monitrice-éducatrice dans un foyer d’hébergement à Lyon. J’aime beaucoup cette spécificité d’accompagnement auprès d’adultes en situation de handicap ou de dépendance. Même si je ne peux pas agir directement sur leur vie et leur santé, je sème des petits cailloux. Pour moi, il n’y a pas de relations d’aidant à aidé, car au contact des personnes, je reçois et j’apprends beaucoup. Notre rôle est d’être un appui, un relais, le temps que cela aille mieux. Et je trouve génial de constater leur évolution entre le moment où je suis arrivée et celui où mon intervention se termine.