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S’approprier le phénomène des jeux vidéo

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Très populaire, le jeu vidéo apparaît comme un objet de médiation idéal pour accrocher les jeunes et enclencher un travail de remobilisation. Immersions dans le Nord, en Haute-Garonne et dans le Doubs.

Un chiffre suffit à mesurer l’enjeu. Selon la dernière étude du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (Sell), publiée en 2023, neuf jeunes sur dix jouent aux jeux vidéo. Certains adultes font tout pour les en éloigner, d’autres cherchent, à travers ce média, à les entraîner dans un parcours de remobilisation.

C’est l’essence du projet Play 4 Change, piloté par APF France handicap avec sept partenaires dans le Nord. Dédié en priorité aux décrocheurs de 16 à 25 ans – les Neet (ni en emploi, ni en formation, ni en études) –, dont beaucoup souffrent d’une forme de handicap, le programme a ensuite été élargi à d’autres publics. Le principe : « Se servir du jeu vidéo comme un levier de motivation et de prise de conscience des compétences des jeunes, explique Sébastien Vermandel, responsable veille et conseil du TechLab de l’association. Jouer fait appel à des “savoir être”. Il mobilise des compétences de leadership, d’organisation, des capacités de communication et d’écoute… Et le simple fait de parler de leur pratique leur fait généralement comprendre qu’ils peuvent la réguler. » Pour capter ces jeunes, le consortium a communiqué, avec l’aide d’influenceurs, sur des canaux comme TikTok ou la plateforme spécialisée Twitch. Des maraudes numériques qui ont permis de réunir les jeunes lors d’ateliers de pratique sur et autour du jeu vidéo, avec notamment l’écriture de scénarios. Et de travailler plus en profondeur leur projet d’avenir, avec des partenaires comme l’Agence nouvelle solidarité active ou des professionnels du coaching.

Le projet, qui vient tout juste de s’achever, a touché pendant deux ans près de 700 jeunes, dont 15 % en situation de handicap. Une cinquantaine d’entre eux ont bénéficié d’accompagnements de plus long terme. « C’est une cible très compliquée à atteindre, précise Sébastien Vermandel, mais nous avons obtenu de belles réussites individuelles. »

Identifier les publics invisibles

Même ressorts à Toulouse, où le Crij Occitanie a piloté pendant plus de trois ans un projet de remobilisation des jeunes « invisibles », Social numéris, refondu aujourd’hui sous l’appellation Job numéris : « Nous nous installons au pied des immeubles de quartiers prioritaires avec différents outils – des bornes arcade, des casques de réalité virtuelle – qui sont autant de prétextes pour les accrocher et parler de leur situation. Et nous essayons d’identifier les publics invisibles pour leur proposer des rendez-vous d’accompagnement et réamorcer un projet professionnel, explique Pierre Khattou, chargé de projet. Au total, l’initiative, menée avec des partenaires comme la Mission locale ou l’Etablissement pour l’insertion dans l’emploi (Epide), a permis d’effectuer 5 000 premiers contacts, pour mobiliser 1 200 jeunes et obtenir 450 sorties positives. « C’est un travail de titan. Les éducateurs doivent le prendre en compte dans leur démarche. »

Parler le même langage

Dans le Doubs, Olivier Barré, éducateur en prévention spécialisée à la Sauvegarde de l’enfant (ADDSEA), mobilise des moyens plus modestes mais pas moins efficaces. Il accueille les jeunes au local pour faire découvrir des jeux, organise des géocachings, sortes de chasse au trésor numérique, où les jeunes sont « capables de marcher 15 km sans s’en rendre compte. » Et chaque fois qu’il perçoit une sensibilité au jeu vidéo, le contact passe. « Ils sont étonnés de voir que je m’y intéresse. Ils se rendent compte qu’on parle le même langage, et ça aide à instaurer les premiers contacts. »

Et de dérouler, l’air de rien, la pelote de la prévention : comment joues-tu ? avec qui ? avec quel argent ? etc. « Comme toute chose, il faut faire attention aux excès, mais ce n’est pas nécessaire d’adopter un discours moralisateur, estime l’éducateur. Si le jeu est utilisé de manière intelligente, il représente plutôt un atout, et parfois une véritable échappatoire pour des enfants au quotidien difficile. »

Enquête

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