Je suis entrée dans l’association en 2002 comme juriste pour accompagner les victimes d’infractions pénales. En 2020, l’association s’est divisée en deux pôles, un pour les victimes, un pour les auteurs, dont je suis aujourd’hui responsable. Me former à la justice restaurative était une manière de boucler la boucle. La justice restaurative s’ajoute à mes missions classiques mais elle apporte un plus à mon métier. C’est un changement de posture, quand nous avons l’habitude d’être directifs, autoritaires. Je pense que nous devons la mettre dans notre culture, même si le monde judiciaire en a encore peur.
Nous nous en tenons aux attentes des auteurs et des victimes. Pendant la préparation, les auteurs craignent de prendre la colère des victimes, d’être considérés comme des monstres. Quand les victimes disent qu’elles sont prêtes, nous leur demandons comment elles vont gérer telle émotion, répondre à tel commentaire. Elles vont aussi échanger entre elles, se rassurer. Nous avons une psychologue que les participants peuvent appeler pour décharger leurs émotions. Dès ces entretiens préparatoires – il y en a au moins trois obligatoires – nous sentons un apaisement.
Ce qui est extraordinaire, c’est qu’à la fin, il y a une transformation, y compris physique. Les victimes reprennent leur vie en main, tout comme les auteurs. Ces mesures participent à leur responsabilisation. Ils voient le visage des victimes, les répercussions de leur comportement sur leur vie. Ils s’investissent dans leur suivi psychologique, ont de meilleurs comportements en milieu carcéral. L’objectif est d’empêcher la récidive. Je pense que les études le montreront. Nous participons à l’apaisement de la société.