1 Les professionnels du travail de rue sont rarement à l’honneur. Alors quand tel est le cas, autant le saluer. Co-écrit par trois travailleurs sociaux, l’ouvrage met en lumière une diversité de pratiques. Des maraudes à bicyclette pendant le confinement à une équipe mobile psy, en passant par le bénévolat au Resto du cœur ou encore la rencontre avec des mineurs en fugue… Neuf expériences de terrain, dont plusieurs à l’étranger, sont présentées. Avant, les auteurs rappellent que le travail de rue a démarré avec les premières équipes de prévention spécialisée au début des années 1950 qui « allaient à la rencontre des bandes de jeunes qui sortaient fracassés de cinq années de guerre et d’occupation ».
2 L’originalité du livre tient au fait que chaque témoignage est complété par « une problématisation du thème évoqué ». Il en va ainsi de l’analyse du travail avec les femmes dans le cadre de la rue, de la place et du rôle des bénévoles et des travailleurs pairs, des difficultés de se soigner pour les personnes sans abri, de la différence entre les maraudes humanitaires et le travail de rue. Ce dernier, « partie du travail social, n’est jamais neutre », soulignent les auteurs parce qu’il est « dans la qualité ou dans les impasses de son déploiement un miroir particulièrement signifiant de l’état de notre société ».
3 Au cœur du travail de rue : « l’aller vers ». Une démarche essentielle pour toute intervention auprès des populations en grande précarité ou marginalisées. Un risque aussi, selon les auteurs, celui « de ne pas pouvoir se réfugier derrière son bureau, de ne pas être le maître des lieux de la rencontre (…) ». Un processus délicat où les professionnels s’interrogent même sur leur façon de s’habiller et qu’ils appellent aussi « aller au-devant » ou « aller auprès de ». L’objectif restant le même : proposer des recours aux personnes et réduire leurs difficultés administratives. De quoi consacrer le travail de rue comme un « acmé du travail social ».
« Le travail de rue », François Chobeaux, Henri Santiago-Sanz, Jean-Luc Marchal, éd. érès, 15 €.