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« Cette loi, c’est de l’enfumage »

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Je soutiens depuis très longtemps la présence des animaux dans nos établissements. Néanmoins, cette loi, c’est de l’enfumage, une fausse bonne idée, de la démagogie. On est en train d’élaborer une loi sociétale en lieu et place d’une réforme structurelle dont le secteur a besoin.

Directeur d’un pôle gérontologique, je dirige au quotidien un Ehpad et chapote également trois autres Ehpad dans les Pyrénées-Orientales, et dans l’Aude. J’ai été responsable de mon premier Ehpad en 2009. J’ai toujours connu et encouragé la présence d’animaux domestiques dans nos résidences. Mais là, on joue sur la corde sensible pour faire pleurer dans les chaumières.

L’accueil de l’animal est une demande à la marge ; elle a dû se poser cinq ou six fois dans toute mon expérience. Et on y accède sans réticence, sous réserve qu’il n’y ait pas de nuisances, que son maître puisse le nourrir, assurer son hygiène et ses soins vétérinaires.

« Mise en danger de l’animal »

Nos résidents sont déjà en perte d’autonomie et ne peuvent plus rester à domicile. Arrivés à l’Ehpad, très peu ont encore leur animal de compagnie, car ils n’étaient déjà plus en mesure de s’en occuper chez eux.

Dans nos établissements, il y a des chats de maison : Lili, Leya, Pompon, Grison, et Minette, qui font le bonheur de nos pensionnaires. Nous promouvons également depuis longtemps la médiation animale, avec des visiteurs animaliers accompagnés de chiens, d’animaux de ferme, d’ânes. Certains de nos salariés viennent aussi avec leurs chiens. Là encore, nous n’avons pas eu besoin d’une loi pour l’organiser.

Il faut considérer que la perte d’autonomie peut conduire à une mise en danger de l’animal. Nous avions eu le cas d’une résidente qui souffrait de troubles cognitifs et donnait à son chat la nourriture de son plateau repas, non adaptée à l’animal. D’autres personnes âgées peuvent séquestrer leur animal dans la chambre ou n’être plus en mesure d’assurer son hygiène. Notre personnel est bienveillant mais nous souffrons d’un grand déficit de main-d’œuvre et donc d’une surcharge de travail pour nos effectifs.

« Cette proposition de loi n’a aucun sens »

Je déplore qu’on nous parle des animaux sans aborder les vraies difficultés des établissements : le sous-financement de la prime Ségur, par exemple, l’absence de prise en considération des hausses du Smic, les valeurs du point, les différences de rémunération entre les secteurs public et privé, l’inflation, les points GIR malheureusement très bas. Ni de nos problèmes RH pour recruter des aides-soignants, des infirmiers, et des médecins coordinateurs. En revanche, on nous parle de contrôle, d’évaluation, et maintenant d’animaux de compagnie !

Si nos politiques se renseignaient sur les problèmes réels des établissements aujourd’hui, ils comprendraient que cette proposition de loi n’a aucun sens. D’autant que nous accueillons déjà les animaux de compagnie. En réalité, le modèle économique des Ehpad est à repenser. Surtout si nous nous dirigeons vers le renforcement des moyens pour favoriser le maintien à domicile.

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