Pour la branche des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile, 2024 marque trois décennies de création et de consolidation de dispositifs spécifiques innovants en matière de professionnalisation, autour de l’observation des métiers, de la certification des compétences, de la formation et de l’accompagnement aux parcours professionnels.
L’accompagnement à domicile est une réponse aux grands enjeux de notre société : le vieillissement des populations, le travail des femmes, la conciliation des temps de vie, le soutien à la natalité. La conjugaison d’une pyramide des âges inversée des salariés avec d’importantes créations de postes, notamment pour les métiers d’accompagnement de la perte d’autonomie, nous fait projeter un besoin de 800 000 emplois d’ici à 2030. Un défi d’ampleur, d’autant qu’« il n’y a pas de DRH dans les cuisines des domiciles des particuliers employeurs ».
Dans ce contexte, une question cruciale se pose : comment accompagner les parcours professionnels pour répondre aux défis de l’emploi ? Si l’équation consistant à poser des actions et innovations pour attirer de futurs candidats et fidéliser les salariés actuels a toujours traversé le secteur, le contexte nous engage aujourd’hui à prendre un virage important, particulièrement dans la façon de manager les compétences. Impossible de mener une gestion prévisionnelle des emplois et des parcours professionnels (GPEPP) ? Pour les puristes du concept, peut-être ; pour les acteurs du secteur, cela reste envisageable, moyennant certains aménagements et, surtout, en proposant une lecture d’échelle différente avec un engagement très fort au service tant des particuliers employeurs que des salariés.
Ne dit-on pas dans le secteur que la relation d’emploi suppose un management partagé plus qu’une hiérarchie stricte ? C’est pourquoi des organismes comme Iperia, plateforme nationale de professionnalisation de l’emploi à domicile, sont amenés à jouer un rôle majeur.
Acteur des référentiels métiers et compétences, de l’observation prospective et de l’accompagnement des parcours de formation et de certification, Iperia a capitalisé au long des ans une connaissance fine et riche des parcours et des besoins. Notre défi à court et moyen termes est donc de pouvoir dorénavant capitaliser sur la richesse des parcours, de les valoriser auprès des acteurs de l’emploi et de faire ainsi se rencontrer offre et demande, avec comme axe central la compétence.
Répondre aux défis de l’emploi ne pourra se faire sans ouvrir la dynamique à de nouveaux publics. Les enjeux sont pluriels et doivent être cumulatifs. L’alternance qui s’ouvrira prochainement dans le secteur permettra de cibler des salariés plus jeunes. Expérimenté en Paca, en Ile-de-France et prochainement en Normandie et dans les Hauts de France, le Lab Migration ouvre la voie à l’intégration de personnes issues de pays tiers et propose en matière de professionnalisation un accompagnement sur mesure, alliant reconnaissance des compétences, accompagnement langagier et citoyenneté. En 2024, l’insertion des publics les plus éloignés de l’emploi et en insertion sera l’un des engagements phares. Enfin, les mobilités, qu’elles soient intra ou intersectorielles, sont étudiées, tout comme la question du genre pour attirer plus d’hommes.
Afin d’amener les candidats vers les métiers du domicile, de leur donner envie d’y évoluer et de s’y épanouir, il paraît nécessaire d’être en mesure de les accompagner étape par étape, de manière personnalisée. En effet, dans notre secteur, pas un salarié ne ressemble à un autre, pas un particulier employeur n’a les mêmes besoins qu’un autre. C’est une richesse, mais aussi une complexité. Impossible de réduire les salariés à la seule représentation de leurs compétences « métier ». Nous devons parler de poly-compétences fortement imprégnées de capacités comportementales et transversales.
Tout ce qui a été posé et construit en trente ans permet aujourd’hui d’aborder sereinement l’accompagnement des parcours des individus. Pour que chacun trouve sa place, quelle meilleure approche qu’un accompagnement au cas par cas, élaboré en fonction de chaque itinéraire et de chaque aspiration ? Mais, finalement, qui connaît vraiment le secteur ? Qui peut accompagner dans des parcours sans couture les salariés et futurs salariés de l’emploi à domicile ? Force est de constater que peu d’organismes ont la capacité de le faire. L’installation par Iperia du conseil en orientation et en évolution professionnelle sectoriel (Coeps) s’est avérée nécessaire. Véritable complément aux parcours classiques d’accompagnement et gratuit pour les bénéficiaires, il a été expérimenté avec succès à l’occasion de la réforme de la validation des acquis de l’expérience ou encore dans le cadre du Lab Migration cité plus haut. Depuis janvier, il est ouvert à tous et confirme qu’accompagner les métiers et ceux qui les exercent est un immense pas en avant pour le secteur !
Peu pariaient, en 1994, sur la réussite du secteur à pouvoir structurer des droits sociaux et une reconnaissance pleine et entière de ses métiers. Il était assez courant à l’époque d’entendre que l’emploi à domicile ne faisait référence à aucune compétence professionnelle et se conjuguait au féminin, les femmes étant supposées posséder un don inné à la garde des enfants, à l’entretien du domicile et à l’accompagnement des aînés. Fort heureusement, les temps et les mentalités changent, mais pas seulement. Il a fallu un engagement fort, la mise en place d’un corpus conventionnel complet et la mise en œuvre de dispositifs innovants, parmi lesquels une structuration inédite du droit à la professionnalisation.
Petit à petit, l’invisible a été rendu visible. Les salariés se sont sentis considérés dans leur rôle d’utilité sociale. Les acteurs de l’emploi-formation ont posé un regard nouveau sur les métiers de l’humain pour l’humain, incarnés aujourd’hui par 1,3 million de salariés qui accompagnent 3,3 millions de particuliers employeurs à domicile. Ainsi, trente ans après, le secteur s’est doté de trois titres à finalité professionnelle de niveau 3 inscrits au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), de cinq certificats inscrits au répertoire spécifique (RS) de France compétences (un titre et un certificat vont prochainement voir le jour), de plus de 130 modules courts de formation. Il s’appuie sur 230 organismes de formation labellisés présents en France métropolitaine et outre-mer. En 2023, nous comptabilisons plus de 113 000 départs en formation sur le plan de développement des compétences (PDC) et 15 000 certifiés.