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« Il s’agit d’un autre métier, adossé au travail social »

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La reconnaissance du métier de médiateur social est plutôt une bonne chose, surtout si elle permet une professionnalisation de cette fonction. C’est un plus d’avoir des médiateurs sociaux, cependant ils ne doivent pas remplacer les éducateurs de prévention spécialisée. Ce n’est pas du tout le même métier. Les éducateurs, par les formations et les missions qui sont les leurs auprès des jeunes les plus vulnérables, n’ont pas du tout les mêmes responsabilités ou les mêmes objectifs que les médiateurs. Ces derniers ont une approche situationnelle, ils occupent l’espace sur les différents territoires de vie et créent du lien par la rencontre. De leur côté, les éducateurs de prévention spécialisée ont une approche de l’accompagnement beaucoup plus dense et plus professionnelle. Ils sont capables de poser un diagnostic affiné des problématiques auxquelles ils sont confrontés.

Attention, mon propos n’est pas de dire qu’il y a ceux qui font mieux et ceux qui font moins bien. Là n’est pas la question. Il s’agit d’un autre métier, adossé au travail social. En revanche, dans une logique d’interdisciplinarité, il n’y a pas de soucis. Au niveau des clubs de prévention spécialisée, il y a des équipes composées d’éducateurs spécialisés, de psychologues de rue et parfois d’animateurs et de médiateurs.

Non à la rationalisation

Néanmoins, je m’interroge sur la logique que sous-tend ce projet de loi. S’il s’agit de faire des économies d’échelle et de rationalisation, je dis attention ! Sans faire de procès d’intention, gare à l’idée qu’un médiateur pourrait remplacer un éducateur, on commettrait une erreur. Les éducateurs de prévention spécialisée ont prouvé toute la pertinence de leur présence sur les territoires de vie par une connaissance des différentes vulnérabilités. Ils ont une méthodologie, des principes et des modalités d’intervention qui demandent du temps. Il faut également rester vigilant quant à la tentation de mettre sur le territoire des personnes susceptibles d’intervenir comme un service à la tranquillité et de ne privilégier que l’aspect sécuritaire de la prévention de la délinquance.

Aujourd’hui, il y aurait du sens à donner plus de moyens aux associations de prévention spécialisée. Elles prouvent tous les jours et encore davantage pendant les émeutes ou pendant la crise du Covid, qu’elles savent être présentes sur les territoires de vie, notamment parce qu’elles connaissent bien les habitants, les partenaires et disposent de différents outils d’accompagnement.

Les professionnels sont repérés, légitimés, la confiance est là. Or, la prévention spécialisée n’est pas surdotée aujourd’hui. Bien au contraire. La priorité devrait donc être de lui donner les moyens.

Ensuite, pourquoi pas, permettons à d’autres compétences et à d’autres métiers – notamment ceux de la médiation sociale – de se déployer. Mais ces autres profils ne doivent pas être favorisés au détriment de la qualité de la présence éducative et sociale sur le territoire.

Johnny Herbin, directeur de l’APSN (Association prévention spécialisée nationale) et président-coordinateur de Dynamo France

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