« Faire la VAE un droit universel ». C’est avec ce leitmotiv que le gouvernement Borne avait engagé, en décembre 2022, sa grande réforme de la validation des acquis de l’expérience (VAE). Né en 2002, ce dispositif de transformation des compétences acquises en situation de travail en diplôme, afin de faciliter les progressions de carrière des salariés, n’avait jusqu’à présent jamais trouvé son public. Trop complexe à mobiliser, il n’a convaincu, en un peu plus de 20 ans qu’environ 450 000 personnes (avec presque un tiers d’abandon en cours de parcours). Ses créateurs misaient sur le double.
Changement de cap en 2019. La remise du rapport Khecha-Soubien-Rivoire a mis sur les rails une simplification de la VAE qui a abouti trois ans plus tard. Le tout porté par un nouveau service public ad hoc, France VAE, à l’origine d’un portail unique actif depuis juillet dernier – vae.gouv.fr –, dont l’ouverture fut précédé de deux expérimentations, grandeur nature, réalisées en 2022 et 2023 dans le cadre du contrat de professionnalisation. Le secteur du sanitaire et médico-social, particulièrement demandeur de qualifications, a essuyé les plâtres de cette VAE « revisitée » avant que l’expérience ne soit étendue à la métallurie, au commerce et aux métiers du sport. « Aujourd’hui, le portail recense 209 certifications. 80 % des demandes viennent du secteur sanitaire et social », explique Olivier Gérard, préfigurateur de France VAE.
« La principale mesure portée par la réforme, c’est la fin d’une vision strictement administrative de la recevabilité des dossiers de VAE », poursuit Olivier Gérard. L’ancien « dossier de recevabilité » de 16 pages, qui pouvait rebuter certains candidats mal à l’aise avec la documentation administrative ou la maîtrise du français, a été remplacé par un entretien avec un « architecte-accompagnateur de parcours » (AAP) que le candidat peut lui-même sélectionner sur le site de France VAE. L’AAP l’accompagnera durant tout le processus de validation des acquis et l’aidera à choisir la certification la mieux adaptée à son expérience professionnelle.
Autres nouveautés : le passage de 24 à 48 heures de la durée du « congé VAE » mobilisable par le salarié pour préparer son dossier, la suppression du plancher d’un an d’expérience préalable à l’entrée dans un parcours, la possibilité d’obtenir un diplôme ou une certification par blocs de compétences, offrant ainsi un droit à l’erreur aux candidats, et l’ajout des associations Transitions Pro (ex-Fongecif) à la liste des financeurs, celles-ci pouvant couvrir les frais du candidat à hauteur de 3 000 € au maximum.
Selon les premiers chiffres de France VAE, la principale motivation des postulants est la confirmation de leurs acquis professionnels. Suivie par la nécessité de prouver leurs compétences et… l’obtention d’un meilleur salaire. Pas négligeable dans le secteur du travail social où les rémunérations sont souvent alignées sur le niveau de diplôme. Dans la branche du particulier employeur, les partenaires sociaux ont ainsi négocié une augmentation salariale de 4 % pour le premier niveau de certification afin d’encourager les candidats sans diplômes à se lancer.
DEES : Diplôme d’Etat Educateur spécialisé
DEAS : Diplôme d’Etat Aide soignant
DEME : Diplôme d’Etat Moniteur éducateur
DEAP : Diplôme d’Etat Auxiliaire de puériculture
DEAES : Diplôme d’Etat Accompagnant éducatif et social
AEPE : CAP Accompagnant éducatif petite enfance
DEEJ : Diplôme d’Etat Educateur jeunes enfants
Source : France VAE, février 2024)