Nous ne sommes bien évidemment pas opposés à l’inclusion en tant que telle, mais nous défendons surtout les structures spécialisées. Toute personne en situation de handicap n’a pas forcément la capacité d’aller à l’école. L’acte 2 de l’école inclusive, annoncé par Emmanuel Macron, est quand même très inquiétant. Il prétend proposer des milliers de solutions, mais peut-on dire qu’on inclut parce qu’on met un élève une heure par semaine à l’école ? Certains jeunes vont se retrouver en grandes difficultés parce qu’ils sont à des années-lumière de ce cadre classique.
L’inclusion pour tous, ça ne veut rien dire. Certains ne pourront jamais se passer d’un accompagnement 24 heures sur 24, et ce pour des raisons de soins ou d’étayage. On risque de perdre le sens de la loi de 2005 (pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées) qui prévoit une prise en charge individualisée en fonction des besoins de chacun. Plutôt que de raisonner en termes de « solutions », il faut des prises en charge globales au sein de structures médico-sociales.
Depuis des années, l’enseignement spécialisé ne cesse d’être fragilisé, notamment avec la diminution de la formation des enseignants qui interviennent, par exemple, dans les instituts médico-éducatifs. Aujourd’hui, ils sont formés en à peine trois semaines, alors qu’avant ils bénéficiaient d’un an et demi de formation complémentaire.
Autre sujet d’inquiétude, les pôles inclusifs d’accompagnement localisés (Pial) qui se transforment en pôles d’appui à la scolarité (PAS) : ce n’est plus la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) qui oriente les enfants et qui détermine leurs modalités d’accueil, sinon l’école. Un changement qui va peser sur les familles. Elles risquent d’être renvoyées à leur capacité ou non à prendre en charge leurs enfants en situation de handicap. Comment feront celles qui n’ont pas les moyens ?
Notre manifestation nationale du 25 janvier avait pour mots d’ordre : le retrait de l’acte 2 et des moyens pour le secteur médico-social. L’inclusion pour tous, comme unique réponse, n’est pas une solution. C’est la même logique que la volonté de sortir les travailleurs des Esat (établissements et services d’aide par le travail) pour les mettre sur le marché commun de l’emploi. On désinstitutionnalise, sous prétexte qu’on serait discriminant. On cherche surtout à faire des économies sur le dos des personnes en situation de handicap.