Le handicap visible est-il préférable au handicap invisible ? Difficile de répondre selon le philosophe Pierre Ancet, coordinateur de cet ouvrage collectif, né du 16e séminaire interuniversitaire international sur la clinique du handicap (Siicha). Quand le déficit fonctionnel se voit au premier coup d’œil, il suscite souvent une réaction de rejet, une stigmatisation que les personnes finissent par intérioriser. « La visibilité de la différence attire le regard des autres, un regard qui est aussi un jugement (…) », souligne le spécialiste. Mais quand le handicap ne se voit pas comme dans certaines formes de souffrances psychiques ou de neurospécificités (troubles dys, autisme de haut niveau…), la situation est aussi compliquée. « On passe inaperçu. Comment alors expliquer que l’on ne puisse pas agir comme les autres ? » Un vrai sujet où l’auteur s’intéresse aux effets du regard social à travers plusieurs exemples dont le « passing » (manière de se faire passer pour valide) et aux stratégies d’invisibilisation du handicap que la désinstitutionnalisation pourrait encore accroître.
« Handicap visible, handicap invisible », sous la direction de Pierre Ancet, éd. érès, 23 €.