Tout élève, quelle que soit sa situation, doit pouvoir bénéficier d’une scolarisation dans un cadre le plus inclusif possible. C’est le principe général, même s’il y aura toujours des situations très particulières, exigeant des réponses adaptées. Mais cette transformation de l’école nécessite un accompagnement et des moyens.
On doit absolument sortir de la dichotomie entre les établissements spécialisés d’un côté et l’école de l’autre, qui ne prendrait en compte qu’une partie des élèves. Il s’agit d’un sujet systémique qui nécessite de réunir tous les acteurs : l’Education nationale et le médico-social, mais également les familles et leurs savoirs expérientiels. Cette affaire-là est tripartite. Il faut de toute urgence réfléchir aux conditions de partenariat entre l’Education nationale et le secteur médico-social. Au passage, le décret sur les coopérations entre établissements scolaires et structures médico-sociales doit être révisé depuis cinq ans… On voit bien qu’il y a encore pas mal de réticences, notamment de la part du monde éducatif. En 2023, une enquête menée par l’Autonome de solidarité laïque, association créée par et pour les enseignants, soulignait les difficultés rencontrées face à des élèves « présentant des troubles du comportement » et imputait la dégradation du système scolaire à la présence des élèves en situation de handicap. Comment peut-on demander aux enseignants de transformer leur pratique professionnelle, si on ne les accompagne pas et si on ne les forme pas ?
Concernant l’acte 2 de l’école inclusive, on peut regretter que l’ambition reste un peu limitée. Presque rien n’est chiffré, pas même les formations croisées impliquant les professionnels de chaque secteur. On ne pourra pas se lancer dans une véritable transition inclusive sans une double formation, initiale et continue, de tous les professionnels. Si les pôles d’appui à la scolarité (PAS), tels qu’ils avaient été évoqués lors de la Conférence nationale du handicap, représentaient une piste intéressante permettant de renforcer la responsabilité de l’école, nous ne sommes pas d’accord avec la manière dont ils ont été traduits dans la loi de finances pour 2024. Nous avons découvert des dispositions qui n’avaient jamais été discutées, comme le fait de moduler la quotité horaire lorsqu’il y a une notification d’aide individuelle. Le Collectif handicaps en a demandé la réécriture. Mais au-delà de ces PAS, nous estimons que les 12 mesures de l’acte 2 sont toutes d’égale importance. Le numéro identifiant élève, par exemple, qui doit être mis en place pour la rentrée 2024, peut paraître un peu technocratique, mais il représente la garantie de ne pas oublier certains enfants. Quand on mène une politique publique, la moindre des choses est de disposer de l’intégralité des données permettant un pilotage effectif.