« Il faut un relationnel suffisamment serein, afin d’être au courant des informations importantes comme un incident grave, un clash dans une équipe », estime Cathy Baton, directrice d’un dispositif Itep (institut thérapeutique, éducatif et pédagogique) et d’un service d’accueil familial à l’association La Nouvelle Forge (560 salariés), qui opère dans l’Oise et la Somme. « Ces adjoints doivent être capables de vous dire ce qu’ils n’ont pas su faire, ou quand ils se sont trompés. Il faut une forme de loyauté », abonde Anne-Laure Dubois, directrice d’Ehpad au sein de la fondation Partage et Vie.
Ces cadres intermédiaires jouent un rôle majeur dans la charge de travail de leur supérieur, surtout si ces derniers doivent avancer sur des sujets plus stratégiques. A la plateforme adultes de l’Apajh en Haute-Marne, par exemple, « le rôle du directeur adjoint [multisite] est de s’ouvrir vers l’extérieur et d’inscrire les établissements dans le territoire. Ce poste exige de prendre de la hauteur et donc de se dégager du terrain », illustre Emilie Bondoux, directrice territoriale Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté.
Aux organisations de définir l’autonomie et les marges de manœuvre des chefs de service ou directeurs adjoints monosite qui sont leurs relais. « Les deux fonctions importantes à déléguer, et dont il faut préciser le périmètre, sont le recrutement et la validation des dépenses », estime Valère Socirat. A l’association La Nouvelle Forge, Cathy Baton délègue la validation des dépenses liées aux activités ou aux intervenants extérieurs, l’organisation des congés, ou encore la définition des projets personnalisés. « Il faut trouver la bonne distance : n’être ni trop loin des équipes, ni trop près. Sur les projets, je ne suis interpellée qu’en cas de grosse interrogation, ou en cas d’orientation vers un autre établissement », explique-t-elle. A la fondation Partage et Vie, Anne-Laure Dubois délègue aux directeurs adjoints, selon des modèles définis par sa fondation, la signature des contrats à durée déterminée de moins d’un mois, les factures et investissements dans une certaine limite, de même que les mesures disciplinaires de premier niveau.
Pas simple, cependant, de lâcher sur tous les sujets… « Les directeurs doivent laisser davantage de place aux chefs de service, par exemple dans l’organisation des plannings ou la gestion des relations avec les familles », constate Emilie Bondoux. La directrice met en avant des formations visant à « mieux se connaître pour mieux manager » ainsi que l’analyse de pratiques professionnelles, qui peut aussi les aider à mieux négocier le virage vers une culture moins pyramidale.