Focus sur l’un de ces binômes inédits formé par Hannifa Mechehar, directrice territoriale PJJ de la Seine-Saint-Denis depuis mars 2023, et Jean-Marc Peyrot, retraité depuis deux ans et demi après un parcours de vie professionnelle quasi complet dans l’institution. La première vient du secteur médico-social et expérimente ce dispositif dans un contexte de prise de poste. Le second se dit « capable de parler d’un peu toutes les places », après avoir été éducateur, chef de service, directeur, directeur territorial et chef de bureau des méthodes de l’action éducative.
Réunis une fois par mois, ils passent en revue la gestion de situations difficiles (détention au quartier des mineurs de Villepinte ou retour d’enfants de Syrie) et les relations avec les partenaires (présidence du tribunal pour enfants, parquet, aide sociale à l’enfance, préfecture, conseil départemental). L’approche est à la fois contextuelle, règlementaire et populationnelle.
« Pour moi qui ne connaissais pas l’environnement culturel et l’histoire de la PJJ, ce partenariat est non seulement intéressant, mais également très sécurisant, reconnaît Hannifa Mechehar. Entre les orientations nationales, les dispositifs, la gestion d’équipe, il y a énormément de questions qui émergent. Jean-Marc Peyrot me répond toujours avec une certaine prise de hauteur et une perspective. Cela me permet de réfléchir, d’échanger tranquillement, sans pression. »
Une aide précieuse dans le cadre d’une prise de poste aussi délicate : un territoire complexe, de très nombreux services et personnels, des enjeux multiformes… Une multitude de tâches au sein d’un service déconcentré de l’Etat, appartenant au ministère de la Justice et partie prenante des politiques publiques de la protection de l’enfance. Sans oublier les dimensions budgétaires, RH, les difficultés de recrutement… Le mentorat permet de gagner du temps et d’éviter certains écueils. Tout en venant requestionner la pratique du réserviste.
« Quand on arrête son activité professionnelle, on a tendance à rester sur des représentations un peu anciennes, reconnaît Jean-Marc Peyrot. Ce dialogue me permet de continuer à questionner les évolutions concrètes de territoires que je connais. Contrairement à beaucoup de services de l’Etat, qui se sont retranchés dans des activités administratives et politiques, la PJJ prend en charge au jour le jour des mineurs en grandes difficultés. »
Immergé dans des considérations quotidiennes, le duo prend aussi le temps d’analyser les défis de demain. Pour Hannifa Mechehar, ces enjeux se concentrent autour des ressources humaines. « Il y a une crise du secteur, notamment dans le 93. » Elle pointe par ailleurs l’augmentation de l’activité pénale et l’impact du code de la justice pénale des mineurs sur l’organisation des services. « On va devoir se poser la question de la place de la PJJ dans la protection de l’enfance. Comment permet-on à l’Etat de réinvestir un peu plus cette politique publique en lien avec le conseil départemental ? » De son côté, Jean-Marc Peyrot s’interroge aussi : « Comment continuer à trouver des professionnels formés et engagés, capables de donner des outils pour aider les jeunes à sortir de la délinquance ou avoir un parcours de vie digne de ce nom ? ».