Il est 8 heures quand Angélique Triballier franchit la porte de sa première bénéficiaire. A 88 ans, cette dernière doit être accompagnée pour son lever, son habillage et sa toilette. Une heure après, sa mission remplie, l’auxiliaire de vie sociale (AVS) file déjà vers sa deuxième destination, à une vingtaine de minutes de distance en voiture. « Entre mon premier et mon dernier rendez-vous, je parcours environ 150 km chaque jour. Et j’ai souvent 10-12 personnes à voir. Résultat : mes journées sont bien denses, mais aussi très rythmées », reconnaît cette salariée de l’ADMR de Malansac (Morbihan). Le matin, le lever, l’habillage et la toilette, en fin de matinée et en fin d’après-midi, préparation du repas et aide au repas si nécessaire, l’après-midi est souvent consacrée aux activités, et le soir, place au déshabillage et au coucher. Sans compter toutes les « menues » tâches – passer un coup de balai, faire la vaisselle ou mettre aux toilettes – qui viennent s’immiscer dans le quotidien de ces professionnels du maintien au domicile. « Notre rôle principal est d’accompagner les personnes dans les actes de la vie courante. Pour cela, on peut être amené à réaliser toutes sortes de prestations, y compris administratives, tant qu’elles ne relèvent pas d’une prescription médicale », précise Mathilde Raimbaud, AVS pour ADT 44. Au-delà de la variété de ses tâches, l’AVS côtoie une grande diversité de publics, qu’il s’agisse de personnes âgées ou en situation de handicap, de personnes en difficulté sociale, en ville comme à la campagne, à domicile aussi bien qu’en institution. L’auxiliaire de vie sociale travaille en majorité au sein d’un organisme de services à la personne (association, Ehpad, CCAS).
Tour à tour aide-ménager, secrétaire, cuisinier, dame/homme de compagnie, l’AVS ne connaît pas la routine. C’est là l’un des aspects que Nadège Henon préfère dans son métier. « Aucune journée ne se ressemble. Certains jours, on peut rester 7 heures au même endroit, le lendemain, enchaîner les déplacements, le jour suivant, lever et coucher la même personne… J’aime ce rythme, même s’il est exigeant », confie cette salariée de l’association Aid’Aisne à Soissons. Titulaire du diplôme d’Etat d’accompagnant éducatif et social (DEAES), la quarantenaire exerce exclusivement auprès de personnes en situation de handicap, faisant la part belle à l’autre dimension essentielle de sa fonction : la sociabilisation des bénéficiaires. « Si je suis là pour aider à la réalisation des tâches quotidiennes, mon rôle est aussi de stimuler et accompagner les personnes dans leurs sorties et leurs loisirs. Je choisis avec elles des activités en fonction de leurs envies, de leurs passions, c’est un peu un service à la carte », synthétise-t-elle en citant avec fierté le séjour qu’elle a organisé cet été avec l’une de ses bénéficiaires qui rêvait de partir en vacances.
S’il n’est pas obligatoire pour exercer cette fonction, le DEAES, qui comprend 525 heures d’enseignement théorique et 840 heures de pratique, reste la voie royale pour y accéder. Sont néanmoins recherchées certaines qualités essentielles, telles que la patience et le dynamisme. L’auxiliaire de vie sociale doit aussi être à l’écoute des personnes et avoir une excellente capacité d’adaptation pour se fondre dans leur intimité sans rogner sur ses missions. De bonnes conditions physiques sont également indispensables pour faire face aux situations parfois complexes. « Il y a des aides techniques pour nous faciliter certaines tâches, mais cela reste un métier qui épuise physiquement. Pour ma part, je ne sais pas si je pourrai faire ça toute ma vie », avoue Angélique Triballier. Le plus difficile selon elle : devoir dire adieu aux personnes qu’elle accompagne parfois depuis plusieurs années. « Ma hantise c’est de frapper chez quelqu’un et qu’il ne réponde pas. Cela ne m’est jamais arrivé, mais je le redoute parce qu’on s’attache forcément. »