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Une journée dans le travail social en 2034

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Le énième Livre blanc sur le travail social a un gros petit plus par rapport aux précédents : y a pas que des « yakafokon » dans ses propositions. Le rapport, très riche, entre même souvent dans le détail grâce à des fiches-mesures et cite des expériences reproductibles. Alors ça nous a donné une idée… Et si ces propositions devenaient réalité ? Rêvons un peu, et bienvenue en 2034 !

Saïdou vient de finir sa tournée des ancêtres. Il est 15 h 45, ce 29 janvier 2034, lorsqu’il gare sa Tesla de fonction devant son pavillon à Romainville, sur une colline tranquille de Seine-Saint-Denis.

« Doudou, tu peux t’occuper de Bichou ? »

Ledit Doudou est à peine arrivé sur le palier qu’Inès l’accueille avec sa voix la plus suave, en faisant semblant de se boucher le nez.

« Mais tu penses à ma charge mentale, Inès ? J’ai déjà passé ma journée à changer des couches », grogne Saïdou avec un air de chien battu.

– Allez, Doudou, ce n’est pas pareil avec un bébé. Et puis bientôt tu auras changé de job : tu ne seras pas auxiliaire de vie toute ta vie !

– Oui, si tu me laisses le temps de remplir mon dossier de formation…

– Je t’en prie, il faut qu’on se dépêche. On part à la réunion des « tss-tss » dans une demi-heure et je dois finir de répondre aux candidatures. Les entretiens commencent demain. Tu te rends compte ? J’ai 300 demandes pour dix postes d’éduc en prév’ et une cinquantaine de CV d’assistantes sociales pour l’ouverture du futur centre social de Montreuil, celui qui doit accueillir les nouveaux bobos précaires du tertiaire. Et tu sais quoi ? J’ai 90 % de candidatures masculines sur le premier poste. Classique, tu me diras. Mais 53 % pour le CCAS ! (1)

– Teslaaaaaa, oui, dit-il en mimant une vieille réplique du XXe siècle tirée du film le plus rediffusé de la galaxie au XXIe, je sais que tu adores faire passer des entretiens non genrés.

C’est le running gag habituel du couple. Inès et Doudou se sont connus en alternat à Préférence internationale, un lieu d’accueil et d’hébergement inauguré en 2025 à Saint-Denis, où les jeunes migrants comme Saïdou côtoient les jeunes Franciliennes et Franciliens bénéficiant d’une mesure de protection de l’enfance comme Inès. Après s’être imaginée directrice de casting, Inès était prosaïquement devenue assistante RH à la direction de l’action sociale de Seine-Saint-Denis. Puis en collectionnant les diplômes tout en gravissant les échelons, boostée par le programme de DPA-93 (développement du pouvoir d’agir) (2) – une sorte d’empowerment francophone mis au point par le chercheur montréalais Yann Le Bossé et transformé en sigle, comme tout ce qui touche au travail social –, elle a été nommée à moins de 30 ans job-recruteuse en cheffe et campus manager des structures du travail social du département.

Saïdou, lui, s’imaginait M’Bappé, comme tous les garçons de sa génération. Mais qui se projette auxiliaire de vie à 15 ans ? C’était son âge à l’arrivée dans le pays en 2024. Après être passé par l’Espagne, il avait alors eu la chance d’arriver en France par les Pyrénées, dont la frontière était tenue par les départements frondeurs en 2023 contre la loi « immigration ». En revanche, la plupart des ados arrivant par l’Italie étaient refoulés par les départements frontaliers de l’Est, qui s’étaient soustraits de l’obligation de prendre en charge les MNA. A Bordeaux, Saïdou avait échappé à un stage immersif dans un gang de mineurs sous la coupe d’un réseau de racketteurs, où étaient tombés les jeunes Marocains qui avaient traversé le détroit de Gibraltar dans le même zodiac. Puis il avait pris un BlaBlaCar pour Paris où, briefé par des assistantes sociales de rue alors qu’il zonait vers Stalingrad, il avait pu bénéficier d’une mesure judiciaire qui l’avait orienté vers Préférence internationale, à Montreuil.

A l’époque, la nouvelle structure expérimentale financée par le département frondeur délivrait déjà de belles prestations, comme clament les agents immobiliers (3). Il y avait non seulement le gîte dans des apparts partagés et le couvert, grâce aux maîtresses de maison. Mais, en prime, toute une équipe était dédiée aux mineurs : des éduc, bien sûr, mais aussi des profs de français, des psychologues, des infirmières, un psychiatre, un juriste, une assistante sociale, un chargé d’insertion professionnelle, un autre pour le logement, un éduc sportif et… on en oublie. Au total, 85 travailleurs sociaux et assimiliés pour une centaine de jeunes, un peu le ratio d’encadrement obtenu après des années de négo par les professions du travail social à l’issue du Livre blanc de 2023 (4). Ah ! il y avait même parmi les accompagnateurs une éduc technique pour leur apprendre à faire la tambouille. Ça lui a bien servi lorsqu’il est devenu auxiliaire de vie, un parcours impulsé par le DPA.

Quand il a intégré Préférence internationale après des mois de galère, Saïdou se souvient de cet échange avec l’assistante sociale :

– Ma vie est entre vos mains.

– Non, elle est entre les tiennes, lui a-t-elle rétorqué.

C’était sa première initiation au DPA. Mais le développement du pouvoir d’agir, ça marche encore mieux quand on est bien accompagné. Le destin du jeune homme a vraiment basculé le jour où un éduc lui a fait découvrir Histoires d’aux’, une mini-série qui cartonnait en 2028 sur PrimeFlix (5), dans laquelle on suivait une équipe d’auxiliaires de vie qui visitait des handi, des alzhei, des parki…

Saïdou a craqué dès l’épisode 3, « A la poursuite de Lady Gaga ». Le pitch a fait tilt : interprétée par Catherine Deneuve, Lady Gaga, une alzhei rigolote, disparaît en ville et est recherchée par toute sa famille. Tout en ayant perdu la boule, Lady Gaga réussit à prendre un taxi autonome pour retrouver le quartier où elle a vécu dans les années 1960. Et ce sont ses « aux’ » préférés, joués par François Civil et Jean-Pascal Zadi, qui la retrouvent dans une sous-préfecture de Charente-Maritime. Ils ont eu l’idée de chercher dans cette ville où Lady Gaga a grandi avec sa sœur jumelle, car ils sont bien les seuls à avoir feuilleté avec elle l’album photo de sa jeunesse, quand elle était encore demoiselle à Rochefort…

Le « rôle modèle » a fonctionné à fond, et Saïdou est devenu auxiliaire de vie dans le 9-3 tout en emménageant avec Inès, grâce au conseiller d’insertion pour le logement de Préférence internationale.

Cérémonie des couches exceptée, il adore son job, papoter avec les ancêtres et leur faire découvrir la purée de manioc de son bled. La plante, qui pousse maintenant dans les Landes because le réchauffement, se mastique plutôt bien quand la dentition fait défaut. Et si Saïdou se déplace en Tesla de fonction, il ne roule pas sur l’or non plus. Auxiliaire de vie, ça ne rapporte qu’un Smic légèrement amélioré… sauf que les temps de transports ont été intégrés dans le salaire (6). Les anciennes du métier lui ont raconté qu’il y a seulement une dizaine d’années elles étaient payées à l’heure de travail effectif et qu’il fallait en plus financer l’essence, car à l’époque toutes les bagnoles roulaient encore au pétrole. Dingue ! On s’étonne, après, que personne n’avait envie de ce job.

Bref, Saïdou aime son métier, mais après cinq ans intensifs de tournée chez les anciens, il a envie de changer d’air, de progresser, et Inès ne manque pas de le motiver.

– Tu as fini de changer bébé ? lui demande-t-elle, après avoir envoyé une salve de réponses aux candidatures du jour.

– Oui, mais ce n’est pas encore ce soir que j’aurai le temps de remplir mon dossier.

– T’inquiète, Doudou, je connais le mode d’emploi. Tu les auras, tes 36 mois de transition pro pour devenir assistante sociale (7). Et après, c’est toi qui aideras à remplir les dossiers !

– Non, non, ça, c’est le job des conseillères en accueil social. Moi, en tant qu’ASS, je m’occuperai d’accompagnement, pas de l’accès au droit. Tu vois, chérie, je maîtrise mon futur environnement professionnel, dit-il en mimant l’émoji « impec ».

– D’accord, Doudou, je sais aussi faire la différence car je recrute pour les deux postes. Mais attention, il faudra que tu réussisses à former un vrai binôme avec ton alter égale. C’est bien la philosophie de la loi présentielle.

Le plan Présentiel 2030 a été la grande révolution de ces années terribles qui ont bouleversé le monde du travail. Le chaos déclenché par l’irruption des intelligences artificielles avait provoqué la formation de bataillons de nouveaux précaires diplômés du tertiaire : traducteurs, géomètres, juristes, employés de banque, comptables, et même codeurs, développeurs et autres data analystes, ces aristos du début du siècle.

Parmi les professions préservées, les métiers du care étaient en pole position. Rien ne remplace l’humain quand il faut créer du lien. Les salaires ont subitement grimpé après le Ségur 3, la grosse négo sur les rémunérations menée en 2027 (8). Et ils ne sont plus près de baisser puisque indexés sur les hausses du Smic, comme le recommandait dès 2023 le Livre blanc.

Concomitamment, la numérisation de la fonction publique a mis au placard des bataillons de secrétaires de catégorie C, remplacées par des algo, des IA et des chatbots…

Or, dans le même temps, les assistantes sociales croulaient sous des demandes d’accès au droit et des centaines de SOS chaque mois pour remplir des formulaires en ligne. On a fini par les confondre avec des écrivaines publiques… Mais elles ont été souvent les seuls êtres humains disponibles, une fois qu’on avait épuisé toutes les FAQ et les « Tapez 0 si vous n’avez pas d’enfant, tapez 1 si vous avez un enfant, tapez 2 si vous… ». Bref.

L’idée testée dans le Morbihan dès le début des années 2020 avant d’être généralisée par le plan Présentiel 2030 a donc consisté à former des secrétaires pour qu’elles deviennent des chargées d’accueil social, afin d’assurer l’aide aux accès numériques et d’orienter vers les « bons interlocuteurs » (9).

L’IA n’a cependant pas que des défauts. Les applis maison concoctées par le pôle SocialTech de l’IRTS Parmentier et de Polytechnique ont permis d’automatiser les missions de reporting et de diviser par quatre le temps sacrifié à la bureaucratie (10).

En position de force, les syndicats des métiers du social et du médico-social ont réussi à consacrer une partie de ces heures libérées pour négocier un temps de « FIR » dans tout le secteur (11), qui a été intégré dans la convention collective (enfin) unifiée de 2029. Inspiré du modèle des psychologues, ce quart-temps a permis aux travailleurs sociaux de se former – d’ailleurs, il y a maintenant trois jours obligatoires par an de formation à de nouvelles compétences (12) –, mais aussi de s’informer et de rester en veille (on a enfin le temps de lire les ASH ou de répondre aux annonces du job-board dans le métavers), voire de participer à des programmes de recherche-action. Ou encore de mener des opérations partenariales et de rencontrer ses pairs à une réunion des tss-tss.

C’est d’ailleurs une de ces réunions qu’Inès et Saïdou prévoient de rejoindre, après avoir confié leur bébé à Zoé, baby-sitter étudiante de l’IRTS Parmentier. Zoé a découvert sa voie en devenant accro à « Maraude Trip », un jeu vidéo immersif de la postFAS (nouvelle Fédération des acteurs de la solidarité) sur des équipes de maraudeurs qui doivent secourir un maximum de sans-abri (13). Elle a promis de ne pas y jouer en surveillant le bébé. Mais elle a la permission de regarder d’un œil une des séries diffusées sur AppleMount qui ont entretenu la hype autour du travail social et affolé les algo de Parcoursup. Après la diffusion de la saison 2 de La Chaîne, avec Vincent Cassel et Omar Sy en éducs spé, tout le monde attendait la nouvelle série Des Pieds et des mains, avec Djamel Debbouze et Grand Corps Malade dans le rôle de pairs aidants maladroits mais inspirants au sein d’un ESSMS déjanté.

Une réunion des tss-tss est aussi souvent très débridée. Ce club informel de Travailleuses sociales sympas & de Travailleurs sociaux souriants (14) réunit mensuellement une vingtaine de professionnels implantés dans une même zone. L’occasion d’échanger des bonnes pratiques et aussi de se renseigner sur les métiers connexes. Car si le statut de social worker à la française n’a (encore) jamais vu le jour, les passerelles entre les professions sont beaucoup plus faciles d’accès. Tant mieux, car on s’épuise à rester éduc ou assistante sociale des décennies durant.

Ce jour-là, dans le « tss-tss » de Pantin, il y a une AS qui a quitté un job d’éduc et un directeur d’Ehpad qui vient de passer dix ans à diriger un Esat. Depuis que la reco 8 du Livre blanc de 2023 est entrée dans la convention collective de 2029, on peut passer d’un métier à l’autre ou du privé au public, et réciproquement, sans subir un calvaire administratif et en récupérant son ancienneté (15). Mieux : la loi de 2027 sur les équivalences entre diplômes a acté les correspondances entre métiers cousins. C’est ainsi que Tristan, un prof d’économie défroqué devenu CESF, prend le premier la parole dans le tour de table des veilles sociales.

– Salut les tss-tss, je voulais signaler qu’avec quelques collègues, on travaille depuis quelques années sur le phénomène des microdépenses. Comme vous le savez, ces ponctions de quelques centimes en apparence indolore ont siphonné une partie du pouvoir d’achat des plus précaires, qui ont longtemps commandé des applis de jeux ou répondu à des SMS payants sans vraiment s’en rendre compte. Mais aujourd’hui, avec le métavers, on franchit une nouvelle étape (16). Depuis que les masques de réalité augmentée coûtent moins cher qu’une pizza, c’est open bar pour les plus fauchés. Sauf qu’ils s’endettent à la vitesse de la lumière dans des galeries marchandes virtuelles. Bref, nous voudrions constituer un groupe de recherche-action avec la fac d’éco et avec d’autres TS qui remonteraient l’info du terrain…

– Pourquoi tu nous regardes ?, pouffent ensemble les deux ASS de l’Education nationale en face de Tristan.

– Et oui, donc, avec des assistantes sociales… Maintenant que vous êtes au moins une par établissement depuis qu’on a revu vos ratios à la hausse, vous devez avoir un peu de temps, dit-il en mimant un smiley clin d’œil. Et on pourrait peut-être aussi demander l’aide d’un doctorant de la Haute Ecole du travail social Didier-Dubasque. Vous en connaissez ?

– Oui, il y a quelques geeks qui pourraient être intéressés, répond Balthazar, un éduc en prév’. Mais surtout je me verrais bien faire une virée en milieu ouvert dans le métavers. Je suis sûr que j’y retrouverai des gamins que je rencontre quotidiennement.

– Tu crois que c’est possible ? demande une ASS. Pas certain que ce soit prévu dans le nouveau code de déontologie (17).

– Oh, c’est comme les interdits religieux, s’exclame Inès. Ce qui n’est pas haram est potentiellement hallal, non ?

– Et puis il faut vraiment qu’on explore le multivers, c’est un terrain de jeu idéal pour les prédateurs sexuels, lance Saïdou.

– On pourrait écrire à Lyes Louffok, le nouveau ministre de l’Enfance, pour demander si on peut entamer la recherche avec une mini-subvention sans passer par l’appel d’offres, maintenant que c’est possible (18), renchérit Inès.

Le secrétariat à la protection de l’Enfance avait été créé en 2031 après qu’un tiktoker eut diffusé sur les réseaux une vidéo d’un gosse de 2 ans perché sur un balcon à Vierzon et sauvé par un migrant qui a escaladé trois étages à mains nues. Le gamin aurait dû être placé trois semaines plus tôt sur décision judiciaire, mais, faute de place, il était resté chez ses parents junkies. 27 millions de vues plus tard, la protection de l’enfance a été décrétée cause nationale et une 123e réforme du droit des étrangers a assoupli les conditions de vie des migrants comme Bassirou, le héros de Vierzon.

– Oui, ça devrait lui plaire, à Louffok, conclut Méline, une jeune éduc PJJ. Mais mon ministre aussi pourrait trouver la démarche pertinente.

– Comment il s’appelle, déjà, ton ministre de la Justice ?, sourit Saïdou.

– Allez, tout le monde sait que c’est Edouard Durand, répond-elle en mimant un smiley en forme de cœur.

Bienvenue en 2034 !

Making off d’une utopie

Contrairement aux apparences, nous n’avons rien inventé. Juste extrapolé. A deux exceptions près, toutes les dispositions évoquées dans l’histoire de Saïdou et Inès sont contenues dans le Livre blanc du travail social. Ce pavé recèle d’ailleurs bien d’autres suggestions (sur la formation initiale, l’« aller vers », la pair-aidance, etc.) que nous n’avons pas creusées… Les propositions que nous avons retenues sont incluses dans les 14 recommandations finales et/ou dans les fiches-mesures très détaillées que l’on trouve au cœur du livre.

Il reste que le mode narratif d’un Livre blanc n’est pas toujours simple à traduire en histoire concrète, et cette anticipation n’aurait pas pu être écrite sans les entretiens que nous ont accordés les participants aux travaux du HCTS (Haut Conseil du travail social) et quelques chercheurs ou professionnels de terrain. Que toutes et tous soient remerciés : Nathalie Andrieux Hennequin, ASS et représentante syndicale FSU, Cyprien Avenel, sociologue, conseiller expert à la DGCS (direction générale de la cohésion sociale) et rédacteur d’une grande partie du Livre blanc, Nathalie Bouvier, de l’association France ESF et membre du groupe de prospective du HCTS, Marion Bozec, directrice du développement social au département du Morbihan, Françoise Laflorentie, qui coordonne la commission « éthique et déontologie » du HCTS, Jacqueline Grebert, ASS et formatrice, Claire Heijboer, directrice scientifique de l’IRTS Parmentier, Alexandre Lebarbey, éducateur spécialisé et représentant de la CGT au HCTS, Céline Lambert, représentante de l’Anas au HCTS, Nathalie Martin, de l’association France ESF et membre du groupe de prospective du HCTS, et enfin toutes les travailleuses sociales qui nous ont raconté anonymement leurs réalités… et leurs rêves.

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