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« Je n’ai jamais été aussi sereine »

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Chaque mois, des néophytes du travail social racontent pourquoi ils ont choisi leur métier et comment ils envisagent l’avenir.

« J’ai été prof de sémiologie des médias dans l’enseignement supérieur, traductrice et coach, jusqu’à mes 47 ans. A ce moment-là, j’ai commencé à me remettre en question, parce que j’avais un statut un peu précaire, mais aussi parce que mes étudiants n’avaient plus l’air d’avoir besoin de moi. Il me fallait retrouver du sens dans mon travail. J’ai eu une phase de grand vide, où je ne savais pas du tout où je voulais aller. Par ailleurs, j’ai toujours fait du social à travers du militantisme et des actions locales. Mais ce type d’engagement très personnel prenait tout l’espace, je n’arrivais pas à poser de limites.

Face à une conseillère en insertion profes­sionnelle, j’ai eu comme une révélation : aider les gens à se trouver, c’est ce que je voulais faire. Mais je ne savais pas que ce métier avait un nom ! Il répondait à mes aspirations et correspondait à mes compétences assez transversales. Sortant de l’Education nationale, il était néanmoins clair que je ne voulais ni aller vers un dispositif du type Pôle emploi, ni me retrouver dans le privé. Je voulais évoluer dans le milieu associatif et le champ de l’insertion.

Grâce à mes contacts militants locaux, j’ai intégré l’Epec (association Ensemble Paris emploi compétences) pour un stage de formation. Mon CV est arrivé entre les mains de conseillers en insertion professionnel du Plie (plan local pour l’insertion et l’emploi) et j’ai été prise pour un stage d’un mois. J’y ai adoré la démarche, le métier et le management. J’ai ensuite suivi une formation de cinq mois – deux mois de cours et trois mois de stage –,envoyé un seul CV à la manager de ma tutrice de stage qui travaille au sein de l’association Aurore. Six heures plus tard, je recevais un appel et décrochais un entretien d’embauche. J’y suis depuis le mois de mars 2023.

Je bosse avec des personnes qui sont le plus éloignées de l’emploi, les plus précaires, dont des réfugiés qui ont parfois fui leur pays il y a quinze ans et dont le seul rêve serait d’avoir un passeport pour revoir leur mère… Ce public rassemble aussi des consommateurs raisonnés de crack, des gens avec des pathologies psychiatriques lourdes ou placés sous main de justice. Même si c’est dur – sur les 35 référents de parcours Plie de Paris, deux sont en arrêt pour burn-out –, j’adore ce que je fais. J’ai retrouvé du sens, notamment parce que j’ai la chance d’être dans une association géniale avec une équipe formidable. Nous partageons la même éthique et des motivations très similaires. Je n’ai jamais été aussi sereine que depuis que je travaille ici. Même si parfois j’ai envie de pleurer en fin de journée. »

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