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Vous savez ce qu’elle vous dit, l’AS ?

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Pourquoi je m’inflige ces repas de famille qui me grillent la tension à tous les coups ? Je sais qu’on va encore se « binger » les mythes de l’assistante sociale (AS). Le vieux tonton Maurice, ancien ouvrier d’usine, en a fait sa spécialité, cautionné par Louis-Marie, le beau-frère PDG, mari de ma sœur.

L’AS est une femme : certes, la profession est féminisée. Mais je côtoie des collègues assistants sociaux formidables. Du coup, comme c’est une femme, elle est douce, tolérante, discrète, un peu l’image de la passivité.

Elle est douce : sais-tu tonton qu’elle peut se montrer acharnée quand elle défend les intérêts des publics accompagnés ? Elle ne lâche rien.

L’AS est tolérante : son métier est basé sur l’accueil inconditionnel, qui n’a rien à voir avec une simple tolérance. Elle a compris avant tout le monde que chaque individu est un être unique devant être considéré comme tel. N’en déplaise aux têtes pensantes qui imposent leurs protocoles d’uniformisation réificateurs. Oui, Louis-Marie, l’autogestion, tu connais ?

L’AS est discrète : doit-on encore rappeler qu’elle est soumise au secret professionnel. Elle respecte donc la confidentialité nécessaire au lien de confiance.

L’AS enlève les enfants : ah ! ah ! ça me fait bien rire (vert) ! Parce que, dans la majorité des cas, il s’agit d’enfants en danger. Mais à vous entendre, lorsqu’elle demande un placement, c’est une professionnelle sans cœur, et lorsqu’elle n’en réclame pas, elle est incompétente. Et sachez aussi que seul le juge des enfants dispose du pouvoir de décision.

L’AS gaspille l’argent du contribuable : elle n’est pas chargée de la gestion des comptes. C’est tellement serré, d’ailleurs, qu’elle doit être très persuasive pour débloquer un peu de flouze, une goutte d’eau pour nos publics, vous savez, les personnes en « situation de sobriété subie » ! Et loin de distribuer (on n’est pas au supermarché !), elle s’appuie sur une évaluation globale, une étude budgétaire, un plan d’action. Et l’argent du contribuable, c’est le vôtre/nôtre jusqu’à cet accident de la vie qui vous/nous rappellera que l’équilibre est fragile.

Alors si l’AS a tous les défauts, n’empêche qu’elle est garante de la cohésion sociale, et d’un espoir de changement émancipateur. Et lorsque le monde saigne, il faut bien des professionnelles formées pour panser les plaies visibles et celles qui le sont moins. Lorsqu’une institution fait appel à l’AS, j’ai la naïveté de penser que c’est une manière de traduire sa quête de justice sociale. Alors, tonton et Louis Machin, vous savez ce qu’elle vous dit l’AS…

Pinki Blenders

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