Les arrêts maladie touchent fréquemment les salariés des établissements sociaux et médico-sociaux. Apparaît alors le risque qu’ils s’allongent, voire se répètent, et aboutissent à une sortie de l’emploi. Pour éviter un tel engrenage, l’employeur peut agir avant la reprise.
Déjà, parce que les salariés en sont demandeurs. Selon le baromètre « Santé au travail » de l’assureur Malakoff Humanis, et contrairement aux idées reçues, 64 % des femmes et 59 % des hommes souhaiteraient que leur employeur les accompagne en cas d’arrêt maladie afin de faciliter leur retour au travail.
Sociologue et spécialiste du maintien en emploi, le formateur Jean-Pierre Paray souligne les vertus de l’accompagnement des salariés au cours de leur arrêt. « Les neurosciences démontrent que cela redonne confiance aux personnes. Cela les sort d’un état de stress qui a tendance à dégrader leur santé et peut finalement rallonger la durée de leur arrêt. » Du reste, l’anticipation est devenue une priorité de la médecine du travail, qui peut désormais contacter les salariés dès 30 jours d’arrêt maladie dans le cadre de « visites de préreprise », poussées par la réforme du 2 août 2021 pour renforcer la prévention en santé au travail.
Un employeur ne peut pas prendre contact avec un salarié pour lui demander de travailler ou même une précision pendant son arrêt. En revanche, rien ne l’empêche de prendre de ses nouvelles pour préparer son retour. Il a même le devoir de lui proposer par courrier un « rendez-vous de liaison », après un mois d’arrêt. Cette nouvelle obligation en vigueur depuis 2021, encore méconnue, vise à préparer les conditions de la reprise du travail. Le salarié est libre d’accepter ou de refuser cette rencontre. « Le courrier doit être bienveillant et rappeler que ce n’est pas obligatoire », précise Jean-Pierre Paray.
En cas de non-réponse, la médecine du travail peut accepter de jouer l’intermédiaire… à condition qu’elle dispose des coordonnées du salarié en arrêt, ce qui n’est pas toujours le cas. Il est donc utile de l’informer systématiquement des arrêts de travail en cours.
« Le côté médical ne doit pas être abordé », précise Jean-Pierre Paray. Il est possible, lors de ce rendez-vous, d’informer le salarié sur la situation de son poste, de préciser le rôle du médecin du travail, de rappeler ses droits en matière d’accompagnement.
Pour Grégory Garel, chef de projet en management des organisations et santé au travail au sein du groupe mutualiste Relyens, ce rendez-vous de liaison constitue une bonne opportunité de remettre les choses à plat, à l’image des dispositifs de « réaccueil » qu’il promeut dans certaines organisations. « C’est l’occasion d’avoir un moment de convivialité, en exposant ce qui a pu changer dans le service, mais aussi et surtout de demander au salarié : “De quoi as-tu besoin pour revenir durablement ?” Cela peut être d’adapter le temps de travail, les horaires, les tâches, d’être moins exposé à un port de charges lourdes… » Après la reprise, Grégory Garel conseille de planifier des entretiens ultérieurs afin de s’assurer que le retour au travail se passe bien.