« Les travailleurs sociaux de la maraude sont tous très aguerris, reconnaît Thierry Gheerart. Ils aiment le terrain et son adrénaline. Mais cet engagement, y compris physique, peut parfois faire un peu disjoncter. Il faut remettre un peu d’humilité là-dedans. A force d’avoir autant de liberté d’action, certains ont l’impression d’être les meilleurs. Ce n’est pas le cas dans mon équipe, mais j’en ai connu qui devenaient autocentrés, et n’avaient plus comme horizon qu’eux-mêmes, leur véhicule et leur thermos de café. »
« Notre équipe mobile autisme vient étayer une personne et son environnement, explique Martin Legendre, chef de service. On va dans des crèches, des écoles, à domicile, au travail, dans des centres de formation… C’est très riche, mais cela peut créer une frustration pour le travailleur social, parce qu’on fait de l’intervention et pas de l’accompagnement. Normalement, vous exercez ce métier pour accompagner les personnes dans leur quotidien. Beaucoup de professionnels sont partis en me disant que ce n’était pas leur cœur de métier. A l’inverse, d’autres adorent ce changement permanent de milieux et de publics. »
L’expérience de ce responsable en Haute-Loire permet de mettre en garde contre le risque de burn-out. « Quand je suis arrivé en 2020, l’équipe mobile autisme était beaucoup moins conséquente et s’autogérait, poursuit Martin Legendre. Il n’y avait pas de chef de service et plus aucune limite en termes de rythme de travail. Même si ça partait d’une bonne volonté, les professionnelles n’y arrivaient plus. Elles étaient épuisées parce qu’elles couraient dans tous les sens et multipliaient les interventions alors qu’elles étaient en sous-effectif. J’ai été obligé de leur demander de respecter la file active et de se fixer des priorités. »