Michel Morin-Favrot a passé sept années aux côtés de 70 résidents d’une pension de famille marseillaise. Des hommes et des femmes dont la trajectoire a été brisée par une perte d’emploi, une séparation, une addiction, des violences familiales, une maladie… A leur écoute, le bénévole observe que la pauvreté ne se réduit pas au manque d’argent comme on le résume souvent mais relève d’une addition de plusieurs facteurs parmi lesquels l’isolement familial apparaît central. Pas un scoop et on pourrait même penser l’auteur un peu naïf sur le déterminisme social mais, loin des discours stéréotypés, il a le mérite de remettre les pendules à l’heure. « En considérant les personnes sous le seul angle économique, on occulte l’essence même de leur être, leur histoire familiale, leur parcours avec ses blessures mais également leurs forces, leurs espoirs et leur potentiel. Tous ces traits se découvriront peut-être un jour ou resteront enfouis, faute d’opportunités. » Un livre qui vise à nous faire toucher de près une réalité trop souvent occultée ou commentée sous le seul prisme des statistiques.
« Le millefeuille de la pauvreté », Michel Morin-Favrot, éd.L’Harmattan, 16 €.