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La nef des fous

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En ce lundi matin, la narratrice se rend à reculons à l’hôpital psychiatrique. C’est comme ça toutes les semaines mais ce jour-là, c’est pire : elle vient d’apprendre la mort par overdose d’un de ses patients psychotiques. « Je n’ai pas su faire le geste qui sauve », pense-t-elle. Reste à savoir quel geste ? Tout juste ré­­édité, le livre de la psychanalyste Françoise Davoine ressemble à une grande fresque carnavalesque où le personnage central, Mère Folle, est un théâtre politique, très populaire en France au XIVe siècle. L’autrice y met en scène le fou du Moyen Age et les patients qu’elle a croisés dans les trois hôpitaux où elle a travaillé pendant trente ans, qui l’accusent de les avoir abandonnés. A travers un récit foisonnant, aussi fou – elle dialogue avec la reine des abeilles – que savant, elle y interroge la perversion du pouvoir, la folie, la clinique, le lien social : « Crois-moi, plus d’un s’en est sorti pour avoir rencontré, au fond de son enfer, quelqu’un à qui parler » … Et puis, au milieu de cet étrange voyage, il y a des phrases inoubliables : « Les fous c’est très pratique, surtout aux héritages. » Grandiose.

« Mère Folle », Françoise Davoine, éd. érès, 25 €.

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