Le dogme de la limitation des financements publics en direction des services publics à caractère social a conduit à confier au secteur privé la création d’un nombre croissant d’Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Ce choix politique n’a pas été accompagné d’obligations de transparence et de contrôles, en particulier dans le domaine budgétaire, ce qui a conduit à des dérives dont l’affaire Orpea est la triste illustration – mais ce n’est pas la seule société concernée. Les pouvoirs publics n’ont pas davantage cherché à protéger les résidents. Accablés par des tarifs d’hébergement exorbitants, ces derniers n’ont pas bénéficié des services qui, souvent, leur ont été adroitement vendus.
Se faire entendre reste un parcours du combattant, même si les dérives mises à jour ont entraîné des inflexions positives. La présentation éthique de ces sociétés est une façade qui masque la recherche de profit pour les actionnaires. Lesquels sont mieux considérés que les résidents. On essaie de nous « vendre » la société à mission, mais là aussi il s’agit surtout d’un affichage.
Difficile de revenir en arrière pour l’existant, des crédits publics importants seraient nécessaires et les urgences absolues sont ailleurs : mise en place d’une loi de programmation « grand âge », renforcement urgent des effectifs, plan de relance de l’attractivité des métiers, réduction du tarif d’hébergement des résidents. Mais il ne faut pas relâcher la pression au motif qu’une apparence plus vertueuse engage le secteur.
Quant à l’avenir, il doit s’orienter vers un secteur non lucratif, où la recherche du profit n’est pas l’objectif absolu. Cela ne sous-entend pas une gestion laxiste, mais que les bénéfices soient en totalité réinvestis pour améliorer l’accompagnement des résidents.
Tous les Ehpad ont été mis en difficulté par l’insuffisance de financement des soins, les difficultés de recrutement, les déserts médicaux… Les pouvoirs publics n’ont pas dégagé les crédits à la hauteur des besoins de personnes toujours plus âgées, plus dépendantes et atteintes de pathologies multiples.
Tous secteurs confondus, les établissements subissent les effets délétères de ces manques. La maltraitance est institutionnelle. Comment, dans ces conditions, oser dégager du profit !