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Des réactions difficiles à décrypter

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Pour atténuer la souffrance qu’ils éprouvent, les enfants victimes de violences sexuelles déclenchent inconsciemment des mécanismes neurobiologiques. Exposé à une violence insupportable à laquelle ils ne peuvent échapper, et donc à un stress extrême, leur circuit neuronal « disjoncte » grâce à la sécrétion d’hormones. Cette « mise à l’arrêt » les préserve d’un risque cardiovasculaire vital et provoque des réactions multiples.

Le problème est que, variant d’une victime à l’autre, d’intensité inégale, éventuellement communs avec d’autres traumatismes et pas toujours conformes à ce que l’on pourrait attendre, les signes présentés par les enfants ayant subi des violences sexuelles peuvent être déstabilisants et mal interprétés. Ils sont donc difficiles à relier aux traumatismes et à détecter par les adultes comme par les mineurs. D’autant que, pris individuellement, ils ne sont pas forcément déterminants. C’est leur caractère soudain, inhabituel, récurrent ou en décalage avec l’âge de l’enfant qui peut mettre la puce à l’oreille. La concomitance de plusieurs des comportements observés doit alerter, mais ne constitue pourtant qu’un faisceau d’indices et non une preuve absolue.

Les signes consécutifs des violences sexuelles

Des signes psychotraumatiques majeurs :

Anesthésie psychique et physique ; état dissociatif (pour atténuer sa souffrance, la victime se coupe involontairement de ses émotions en ne ressentant plus colère, peur, tristesse ou dégoût) ; conscience altérée (l’enfant est spectateur de lui-même) ; amnésie. La victime manifeste aussi des symptômes de reviviscence (répétition continuelle, en pensée ou en cauchemar, de la scène traumatique), d’évitement (lieux, personnes ou situations qui rappellent le trauma), d’engourdissement émotionnel et d’hypervigilance (fait d’être toujours aux aguets malgré l’absence de danger).

Une santé psychique détériorée :

Comportement régressif (sucer son pouce) ; troubles de l’alimentation et du sommeil (insomnies, cauchemars, troubles de l’endormissement) ; manque d’estime de soi ; anxiété (peur, attaques de panique) ; syndrome dépressif (tristesse de l’humeur, ralentissement psychomoteur, perte d’intérêt) ; idées suicidaires ; addictions ; phobies.

Une santé physique altérée :

Problèmes de poids (surpoids, obésité ou maigreur extrême) ; énurésie, encoprésie ; douleurs et traumatismes (maux de tête, nausées, douleurs abdominales fréquentes, en s’asseyant ou en urinant, rougeurs autour des fesses ou du pubis) ; maladies (problèmes dermatologiques, infections gynécologiques, troubles cardiovasculaires).

Un comportement relationnel inhabituel :

Recherche constante ou, au contraire, rejet systématique de l’adulte ; difficultés relationnelles avec les autres enfants (adoption de conduites de dominant ou de dominé, agressivité et brutalité, repli et isolement). Chez les plus jeunes, notamment, reproduction de scènes violentes dans les jeux ou brutalité envers les animaux.

Les conduites anesthésiantes :

Prise de produits dissociants ; conduites à risque et mises en danger (conduite routière à risque, jeux dangereux, sports extrêmes, actes de délinquance, fugues…) ; violences sur soi (automutilation) ou sur autrui.

Une sexualité obsessionnelle ou décalée :

Attitudes ou propos en inadéquation avec l’âge du mineur et envahissants (masturbation compulsive, fréquence de gestes ou de propos, mimétisme concret, pénétrations diverses sur soi ou sur les autres…). A ne pas confondre avec la découverte naturelle du corps, qui correspond à un développement normal de l’enfant.

Un parcours scolaire chaotique :

Tout changement soudain ou radical dans la scolarité (chute des résultats scolaires ou, au contraire, surinvestissement subit dans les études) ; altération des capacités d’apprentissage (troubles des apprentissages, de la concentration, de l’attention…) ; absentéisme scolaire fréquent.

Le questionnement systématique

Conditionné par l’agresseur, l’enfant peut éprouver des difficultés à dévoiler ce qu’il endure. Au moindre doute, vous devez être en mesure de faire le premier pas en pratiquant le questionnement systématique. Cela consiste à organiser un rendez-vous avec l’enfant et à lui poser directement et systématiquement la question de l’existence de violences sexuelles. En cas d’erreur, ce comportement permettra à l’enfant d’avoir l’assurance qu’il peut se confier à vous dans d’autres circonstances.

Il n’y a pas de question idéale pour introduire la discussion. Qu’elle soit générale et ouverte – « Comment ça se passe à la maison ? », « Est-ce qu’il t’arrive d’avoir peur et d’être triste depuis quelques temps ? », « Je m’inquiète pour toi à cause de tes absences scolaires répétées », « J’ai remarqué que tu avais des difficultés à te concentrer », « Peux-tu me dire ce qui se passe ? » – ou plus incitative – « Quelqu’un t’a-t-il fait quelque chose à l’école, dans la rue, à la maison, que tu n’as pas aimé ? », « Je vois que quelque chose t’est arrivé et te perturbe, veux-tu en parler ? », « Est-ce qu’on t’a fait quelque chose qui t’a mis mal à l’aise ou dégoûté ? » –, la meilleure formulation est celle qu’on se sent capable de poser.

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