Blonde tendance anorexique. Qui est-ce ? Barbie ! Pas la poupée-mannequin classique. Non, celle-là est trisomique. Commercialisée depuis le 25 avril, le service de com’ a peaufiné ses arguments. La nouvelle venue présente « une plus petite taille et un buste plus allongé, une forme plus arrondie, des oreilles plus petites ainsi qu’une arrête nasale plate, ses yeux en amande sont aussi légèrement inclinés… » Faut le dire vite car, en vrai, elle ressemble d’assez près à ses sœurs de plastique, excepté deux orthèses roses amovibles au tibia, assorties à sa robe jaune et bleu avec des papillons, signe soi-disant associé à la trisomie 21.
Le vivre ensemble, mille fois d’accord. L’inclusion, évidemment, même si le terme finit par ne plus vouloir rien dire tant il est utilisé à toutes les sauces. Mais réduire les individus, qu’ils soient porteurs de handicap ou non, à des clichés basés sur les caractéristiques physiques, aucun intérêt si ce n’est financier pour la marque. Après le greenwashing, le handiwashing !
« Je préfèrerais que ma fille trisomique se voit comme une barbie canon plutôt que comme une triso », ironise un tweeto. Sensibiliser les enfants à ceux qui ne sont pas comme eux s’avère archi nécessaire, que cela passe par une poupée sans humanité laisse songeur sur l’effet déstigmatisant. Histoire de pousser la caricature plus loin, pourquoi pas une Barbie alzheimer et un Ken avec son déambulateur, ou encore une Barbie victime de violences conjugales pleine de bleus…
Le handicap est une grande cause. En 2017, Emmanuel Macron en avait fait une de ses priorités. Six ans plus tard, des mesurettes. Au point que 52 associations ont boycotté la Conférence nationale du handicap qu’il a présidé le 26 avril dernier et dénoncé une opération de communication. Motif : elles n’ont eu aucun retour de l’exécutif sur les propositions qu’elles ont formulées lors des réunions préparatoires et n’ont pas eu l’autorisation d’interpeller le Président au cours de ce grand raout. Une fin de non-recevoir qui ressemble à s’y méprendre à celle réservée aux opposants à la réforme des retraites. Mi-avril, le Conseil de l’Europe a enjoint la France à prendre des mesures pour améliorer la vie quotidienne des personnes handicapées. En attendant, il y a Barbie…