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La Suède claque la porte aux migrants

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La Suède claque la porte aux migrants

Le nouveau gouvernement suédois de centre droit durcit de manière drastique sa politique d’accueil en se dirigeant vers les modèles ultrarépressifs adoptés par le Royaume-Uni et le Danemark.

C’est la fin d’une époque, au cœur du pays réputé le plus accueillant au monde pour les migrants, qu’ils soient économiques ou demandeurs d’asile. Une nation de près de 10 millions d’habitants, dont 20 % des habitants sont nés à l’étranger, réputée pour la générosité de son modèle social, mais qui ferme progressivement ses portes. « Notre politique d’asile doit désormais refléter ce qui se fait dans le reste de l’Union européenne [UE]. On ne peut pas continuer à se démarquer par rapport à d’autres pays comparables en ayant des conditions plus généreuses », expliquait Maria Malmer Stenergard, ministre de la Migration, le 11 avril dernier dans les colonnes du Figaro.

Si son pays « reste toujours l’un des pays de l’UE qui accueille le plus de migrants par habitant », assure-t-elle, la Suède regarde clairement en direction du Royaume-Uni et du Danemark, deux pays qui ambitionnent de décourager les demandeurs d’asile par des mesures toujours plus ubuesques (emprisonnement dans des bases militaires, expulsions vers le Rwanda) et restrictives. Le gouvernement suédois affiche ainsi sa volonté de « diminuer le quota de réfugiés accueillis à 900 par an », contre 6 400 en 2022.

En réalité, une politique d’extrême droite

Comme au Danemark, donc, où une coalition de centre gauche maintient sa domination politique en persécutant les demandeurs d’asile, la fermeté sur les questions migratoires est devenue en Suède la nouvelle martingale électorale. Pour s’imposer dans les urnes et bénéficier de l’appui enthousiaste de l’extrême droite, le Premier ministre conservateur, Ulf Kristersson, a présenté un programme détaillé de quelque 60 pages. Avec, entre autres, l’idée de bloquer les demandeurs d’asile dans les zones de transit le temps d’étudier leur dossier, l’expulsion des migrants vers leur pays d’origine si celui-ci n’est plus considéré comme dangereux ou encore de bloquer les arrivées en fonction de seuils élevés de revenus, afin de décourager l’immigration économique. Très puissant au Parlement mais privé de tout portefeuille gouvernemental, le parti d’extrême droite des Démocrates de Suède jubile : « Avec cet accord, ce sera la politique de notre parti sur la criminalité, la politique de notre parti sur l’immigration, assure son leader, Jimmie Akesson, qui a cosigné la feuille de route du gouvernement. C’est une nouvelle orientation pour la Suède. »

Le durcissement après un afflux de migrants en 2015

En réalité, le virage emprunté par la classe politique suédoise date de 2015, après l’afflux spectaculaire de migrants en provenance de Syrie, d’Afghanistan et d’Irak et le dépôt de plus de 160 000 demandes d’asile, lesquelles avaient mis à rude épreuve les capacités d’accueil et d’intégration du pays. Dès 2016, le gouvernement avait introduit une nouvelle loi sur l’asile en réduisant les droits des migrants, en rendant plus difficile l’obtention du statut de réfugié ou en privant de logement les déboutés du droit d’asile. Des mesures qui avaient été sévèrement critiquées par les organisations d’aide aux migrants, qu’il s’agisse de la Croix-Rouge suédoise, de l’Agence suédoise des migrations ou du Centre suédois de conseil aux réfugiés.

De telles mesures ont cependant entraîné un impact considérable sur le nombre de demandes d’asile en Suède. En 2017, ce nombre a ainsi chuté à 25 000, soit une baisse de plus de 80 % par rapport à 2015. Depuis lors, la politique migratoire suédoise a été marquée par une plus grande sélectivité dans le choix des personnes à accueillir, une réduction des prestations sociales pour les demandeurs d’asile et une intensification des expulsions pour les personnes déboutées de leur demande d’asile.

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