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États-Unis : Le travail social au service des détenus innocentés

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États-Unis : Le travail social au service des détenus innocentés

Comment retrouver une vie normale après des années, voire des décennies d’incarcération injuste ? Les travailleurs sociaux du « Projet Innocence », fondé en 1992 par deux avocats américains, aident les victimes d’erreurs judiciaires à se loger, à trouver un emploi ou encore à renouer avec leurs familles.

Bienvenue dans l’enfer carcéral états-unien, fort de ses quelque 1 800 établissements pénitentiaires peuplés par 1,5 million de prisonniers, soit le plus haut taux d’incarcération au monde avec 639 détenus pour 100 000 habitants (contre 135 pour 100 000 habitants pour la Chine, selon les statistiques officielles). Les erreurs judiciaires demeurent légion au cœur de cette machine industrielle à broyer, laquelle concentre environ 80 milliards d’euros des dépenses fédérales annuelles, l’un des premiers postes de dépense du gouvernement. C’est là qu’intervient le « Projet Innocence », qui mobilise des travailleurs sociaux afin de fournir une assistance juridique gratuite aux personnes qui ont été condamnées à tort et qui ont épuisé toutes les voies de recours légales. L’organisation travaille également à la réforme du système de justice pénale pour prévenir de futures erreurs judiciaires.

Aide à la réinsertion

Depuis sa création en 1992, à l’initiative des avocats Barry Scheck et Peter Neufeld, l’organisation non gouvernementale (ONG) se targue d’avoir aidé à faire libérer plus de 375 personnes injustement condamnées pour des crimes punis par de longues peines, qu’il s’agisse de meurtres et/ou de viols et ayant passé en moyenne 14 ans derrière les barreaux. En amont, l’ONG travaille avec des avocats bénévoles, des enquêteurs et des experts en science criminelle susceptibles de rouvrir les dossiers judiciaires en faisant parler des preuves matérielles jusqu’ici inexploitées, à l’instar des tests ADN. Une fois la libération obtenue, les travailleurs sociaux du « Projet Innocence » fournissent une aide pratique aux anciens détenus pour faciliter leur réintégration dans la société. Cette aide comprend l’assistance financière pour les besoins immédiats tels que le logement, la nourriture et les vêtements, ainsi que des programmes de formation professionnelle pour accompagner un éventuel retour à l’emploi.

L’association emploie également des anciens détenus innocentés, à l’instar de Rodney Roberts, reconverti en « coach de réintégration » après sa libération en 2014 au terme de 18 ans de détention. « Le fait de m’embaucher et de m’intégrer dans l’équipe de travail leur a donné une capacité d’observation de l’intérieur de ce que l’on peut ressentir lorsqu’on vit et qu’on subit ce processus d’injustice », témoigne ce dernier dans un communiqué publié par « Innocent Project » le 29 mars dernier. « Je me suis battu pour ma liberté, et je sais ce que c’est d’être seul, confus et d’avoir peur d’être vulnérable une fois qu’on en sort. Je suis en mesure d’aider nos travailleurs sociaux à regarder ceux qui ont vécu la même expérience d’une manière différente et plus compréhensive », ajoute-t-il.

L’histoire des prisons états-uniennes regorge de vies brisées à l’instar de celle de Rodney Roberts, un Afro-Américain de plus condamné à une peine kafkaïenne, dans un pays où les minorités raciales représentent plus de 60 % de la population carcérale, contre 30 % de la population totale. Même si toutes les erreurs judiciaires ne peuvent être corrigées par la réalisation de tests ADN ou l’éventuelle rétractation de témoins clés, les statistiques demeurent éloquentes. Selon le National Registry of Exonerations, un projet piloté par les universités de Californie et du Michigan, plus de 2 800 prisonniers ont ainsi été innocentés depuis 1989, dont 197 pour la seule année 2020. Des chiffres qui témoignent évidemment des seules erreurs judiciaires identifiées et résolues, tandis que d’innombrables condamnés à tort croupissent probablement encore dans les geôles états-uniennes.

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