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La société des followers

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« Toute psychologie individuelle est aussi, d’emblée et simultanément, une psychologie sociale », disait Freud. Une phrase que Laura Pigozzi a plaisir à citer dans son livre sur le « mal d’enfance ». De quoi s’agit-il ? De citoyens à qui personne n’a dit non lorsqu’ils étaient enfants, chez qui la pulsion s’avère sans limite et la consommation sans fin. La pandémie de Covid-19 aurait révélé, selon la psychanalyste italienne, cette part cachée de « citoyens-enfants » qu’elle compare à « des nuées d’allergiques au social, contrevenant aux dispositions prises ». Un infantilisme social causé par ce qu’elle nomme dans le jargon psychanalytique le « plusmaternel », un laissé faire dont les parents – surtout les mères – sont les représentants. Et qui se caractérise par un excès de soin et d’attention vis-à-vis de sa progéniture, aussi dévastateur que les situations de négligence, plus visibles. L’autrice fustige l’époque dépourvue de sens critique avec ses influenceurs de tout poil, ses followers en tout genre… « Le citoyen-enfant naît dans une famille, en sort avec difficulté et surtout ne grandit pas. Combien d’enfants ont-ils été imaginés, dans l’esprit des adultes, comme des citoyens ? En les éduquant, n’a-t-on pensé qu’à leur seule réussite individuelle à l’encontre de tous ou les a-t-on considérés comme une partie d’un ensemble plus large, les préparant ainsi à un engagement communautaire ? », interroge Laura Pigozzi, pour laquelle il n’existe pas de rupture entre l’individuel et le collectif et qui appelle à une éducation ouverte sur le monde pour ne pas sombrer dans la barbarie. Elle questionne également les origines du populisme, du totalitarisme, du fascisme, du sentimentalisme nostalgique… mais aussi la perversion de certaines mères, un phénomène qui reste tabou. Un ouvrage inédit, éminemment politique, qui nourrit la réflexion et donne droit au chapitre à la femme non-mère. Un regret cependant, si les enfants doivent s’émanciper des mères un peu trop dévorantes, où sont les pères ?

Notes

« Un mal d’enfance. De la dépendance maternelle à l’infantilisme social » – Laura Pigozzi – Ed. érès, 25 €.

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