Recevoir la newsletter

Paroles de GEM autogérés

Article réservé aux abonnés

Farouchement déterminées à rester autonomes, ces associations d’entraide mutuelle profitent de leur liberté pour avoir la main sur leur budget, décider de leurs orientations et parfois même militer pour leurs droits.

L’histoire du GEM Le Passage, à Amiens (Somme), est celle d’une « libération ». Adossé pendant des années à différents organismes médico-sociaux, convoité par un grand hôpital psychiatrique, il a fini par s’affranchir de la tutelle de son dernier gestionnaire, une très grosse association de défense des personnes en situation de handicap, dont le positionnement opaque et directif ne lui convenait pas. « Les adhérents ont voulu rompre avec ce manque de transparence pour se sentir respectés, explique Jonathan Choin, coordinateur. En reprenant les rênes, ils ont gagné en autonomie et en émulation. C’est comme une renaissance. » Fonctionnant désormais en autogestion, le GEM est revenu dans le giron de ses 41 adhérents permanents. Ce sentiment grisant d’avoir prise sur sa destinée a permis l’émergence de nombreux projets, dont une permanence téléphonique de pair-aidance et un GEM itinérant pour aller à la rencontre de personnes isolées.

Autonomie et pouvoir d’agir

Ne pas dépendre d’une structure gestionnaire implique d’avoir les ressources en interne pour se débrouiller tout seul. Un collectif d’adhérents soudé, des compétences en management et/ou en comptabilité, une dynamique de groupe et un conseil d’administration solide. La personnalité de ceux qui fondent le GEM est aussi déterminante. Gaël Le Dorze, coordinateur de la Maison de l’autisme de Mulhouse (MAM), dans le Haut-Rhin, incarne cette implication. Lui-même diagnostiqué autiste, il cherchait au départ à monter une structure avec un accompagnement médico-social, mais les lourdeurs administratives et les difficultés de financement l’ont persuadé de se tourner vers la création d’un GEM. Parrainée par une association locale, la MAM n’a jamais eu de gestionnaire, notamment grâce aux aptitudes de son coordinateur. Une liberté qui semble bien convenir aux profils de ses adhérents.

« Nous sommes le seul lieu dans la région ouvert sans rendez-vous où les personnes autistes peuvent se socialiser, précise Gaël Le Dorze. Elles sont à l’aise avec le caractère informel du GEM, mais avaient besoin d’un environnement spécifique, d’un lieu calme organisant des activités en petits groupes. Contrairement aux gens ayant des troubles psychiques, nos adhérents n’ont pas de traitements médicamenteux et sont globalement plus jeunes. Dans notre GEM, l’enjeu est davantage l’insertion sociale et professionnelle que la réinsertion. »

Plus polyvalent, le GEM nantais Le Nouveau Cap connaît, pour sa part, une « autonomie bien accompagnée ». Il n’a pas signé de convention avec une structure gestionnaire et se contente de bénéficier d’une aide à la gestion par l’organisme L’Etape. « Nous avons la bonne distance avec cette structure médico-sociale, estime Théo Brousseau, adhérent et administrateur du GEM. Lors des conseils d’administration, elle a le droit de conseil et non celui de vote. C’est un simple appui technique. » Soirées-concerts, restaurant associatif, édition d’un journal, les projets s’enchaînent et connectent Le Nouveau Cap à la ville. « J’aime que nous ne soyons pas une bulle d’entre-soi, reconnaît Anne-Laure Poublanc, administratrice arrivée au GEM après un suivi en SAVS. En sortant du soin institutionnalisé, j’ai vraiment eu le sentiment de franchir une marche. Ici, je peux apporter mes capacités ou simplement aller boire un café, faire partie d’un groupe. »

Ce fameux « pouvoir d’agir » est brandi comme un étendard par le GEM de l’association Advocacy Paris. Baptisé Espace convivial citoyen et récemment installé à deux pas du canal Saint-Martin, dans le 10e arrondissement, il propose activités et temps de sociabilisation, mais surtout un accès au droit. Formés en interne, les adhérents qui le souhaitent peuvent devenir « pair-advocates » pour aiguiller les personnes souffrant de problèmes psychiques dans les méandres administratifs et juridiques. « Nous recevons près de 300 appels par an et les situations sont très variées, commente Nicole, salariée du GEM et adhérente. Cela va d’une dame qui ne sait pas comment s’opposer à une obligation de soins à une énième demande de levée de curatelle devant un juge. » Une formation, coconstruite avec les personnes concernées, permet notamment aux travailleurs sociaux, aux étudiants ou à ceux qui souhaitent bâtir leur propre GEM d’être sensibilisés aux stigmatisations dont pâtissent les usagers en santé mentale.

L’événement

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur