Interroger l’héritage culturel induit par la migration. Tel est le pari que se sont fixés une vingtaine de chercheurs français, italiens, argentins, brésiliens ou tunisiens. La publication de leur livre Familles et transmission à l’épreuve de la migration signe le partage de leurs réflexions, agrémentées d’études cliniques. Selon eux, « le voyage migratoire n’est pas seulement géographique mais il est aussi psychique car il conduit à “faire bouger” sur le plan interne ». La capacité de transmission des familles se voit ainsi fragilisée. D’autant plus que l’environnement socioculturel et la singularité des histoires psychoaffectives la conditionnent aussi. « La matrice primaire groupale-familiale est secouée par le processus d’acculturation, ce qui bouleverse les repères qui étayent l’identité familiale sur laquelle s’appuie l’identité individuelle », soulignent les auteurs. Les enfants de migrants appréhendent donc la vie en passant de l’intérieur de la maison au monde extérieur. Il leur incombe d’intégrer la culture transmise par leurs parents et celle de la société dans laquelle ils évoluent. « Ils doivent apprendre à se sentir les mêmes quand ils passent de l’un à l’autre, c’est-à-dire apprendre à se métisser. » Le passage vers une identité nouvelle dépend de chacun, pointe l’ouvrage. Outre les facultés d’appropriation de cultures différentes, les vecteurs de réussite appartiennent aux sentiments de sécurité et à la qualité des conditions d’accueil. Des facteurs mis à mal par des réalités politiques telles que les entraves à la liberté circulatoire ou les fermetures de frontières. Ces dernières, qui ne paralysent en rien les volontés d’émigrer, engendrent des effets délétères sur les professionnels du secteur, pour qui l’accompagnement représente « à la fois une épreuve et une attraction, en écho avec leur histoire ». Brandis en étendard, la reconnaissance et le sens de leur mission.
« Familles et transmission à l’épreuve de la migration » – Sous la direction de Claudine Veuillet-Combier – Coll. Hospitalité(s) – Ed. In Press, 17,50 €.