Un secteur en pleine croissance mais aussi en crise, avec une explosion des cas de burn-out et de démission en raison des cadences infernales ou des salaires jugés trop faibles par rapport à la charge de travail… Aux Etats-Unis, l’Association nationale des travailleurs sociaux (NASW) a profité du « Mois national du travail social », en mars, pour dévoiler une vaste étude commandée à l’institut Ipsos. L’objectif ? Jauger la perception de la profession dans l’opinion publique et s’en servir pour obtenir de nouveaux droits et de meilleures conditions de travail. Selon l’enquête, conduite auprès d’un millier de personnes âgées de 18 ans ou plus, représentatives de la population, 80 % des Américains ont en effet une opinion favorable des travailleurs sociaux et 81 % de ceux qui ont été en contact avec l’un de ces professionnels assurent qu’il a amélioré leur situation ou celle d’un membre de leur famille. Une expérience principalement acquise dans les secteurs de la santé mentale, des services sociaux, de la protection de l’enfance et des hôpitaux.
Mais l’étude pointe également les lacunes des Américains dans la connaissance de l’histoire du travail social. Seules 34 % des personnes interrogées savent ainsi que les travailleurs sociaux ont joué un rôle clé dans la création de la Social Security et du Medicare, c’est-à-dire l’assurance santé. Et seulement 28 % connaissent leur apport central dans le mouvement moderne des droits civiques. Autres exemples, dans la perception actuelle de la profession, « seulement 46 % des sondés savent que les travailleurs sociaux participent à la défense des droits et à l’organisation communautaire ; 45 % savent qu’ils jouent un rôle clé dans les soins palliatifs, pointe l’enquête. Et seulement 30 % connaissent leur implication dans l’obtention d’aides financières et sociales. »
« Bien que nous devions étendre nos efforts d’éducation du public, nous sommes heureux de savoir qu’il soutient le travail de la NASW et celui de la profession, notamment pour obtenir des augmentations de salaire et adopter une législation qui garantisse la sécurité des travailleurs sociaux dans leurs activités professionnelles », explique Anthony Estreet, président de l’association. A l’appui de ces revendications, une majorité des sondés déclare que les professionnels du secteur devraient être payés davantage que le salaire médian, soit 50 390 dollars brut par an. Et uniquement 13 % se disent en désaccord avec le principe d’une rémunération plus élevée.
L’amélioration des conditions d’exercice de la profession constitue l’un de ses principaux défis, à l’heure où le travail social s’impose comme l’un des secteurs à la croissance la plus rapide aux Etats-Unis, avec 708 000 personnes employées, selon le bureau de statistique du travail (Bureau of Labor Statistics, LBS). Un nombre qui devrait augmenter de 64 000 personnes d’ici 2031. « Les travailleurs sociaux sont plus que jamais nécessaires alors que le pays est aux prises avec des problèmes sociaux urgents amplifiés par la pandémie de Covid-19, les dégâts psychologiques engendrés par celle-ci, la pauvreté et les inégalités de revenus, le racisme systémique et le vieillissement rapide de notre population », résume la NASW.
« Nous sommes enthousiasmés par les résultats de cette enquête et heureux que les Américains aient une attitude aussi positive envers les travailleurs sociaux. La NASW utilisera ces données dans notre plaidoyer. Nous espérons que d’autres sympathisants feront de même », veut encore croire Anthony Estreet. Reste maintenant à convaincre les pouvoirs publics et les partenaires privés de mettre la main au portefeuille.