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« Personne ne tolérerait cela sur des élèves non handicapés »

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« Se taire, c’est être complice des délits constatés. Je ne pouvais plus le supporter. » Ces mots sont ceux d’Olivier Paolini, enseignant spécialisé dans un institut médico-éducatif (IME) à Narbonne (Aude). Au sein de l’établissement, qui accueille 90 enfants en situation de handicap, il est chargé depuis 2009 de coordonner la scolarisation en unité d’enseignement externalisée (UEE). En temps normal, pour établir les emplois du temps des élèves, il suit le cadre légal, qui recommande dans ce type d’unité un minimum de six élèves et un maximum de huit, pour au moins douze heures de scolarisation par semaine.

Mais à la rentrée scolaire de 2020, sa direction en a décidé autrement. « Dans le nouvel emploi du temps, certains enfants n’avaient que trente minutes d’école hebdomadaire, et d’autres une demi-journée. Personne ne le tolérerait si les élèves n’étaient pas en situation de handicap », proteste l’enseignant. Soutien des familles qui portent plainte contre la direction, il se retrouve en conflit avec celle-ci : « J’ai reçu un courrier me demandant de ne plus venir aux réunions d’équipe, alors que j’en suis le coordonnateur. J’ai été sommé, en quelque sorte, de me taire. » Sur les conseils de son syndicat, Olivier Paolini alerte le CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). En vain.

Soutien moral

Il se tourne alors vers le ministère de l’Education nationale et son collège de déontologie. En février 2022, ce service lui attribue la qualité de lanceur d’alerte. « Je ne connaissais pas ce statut. Je voulais avant tout aider les familles. Mais face aux pressions, j’ai décidé de me protéger », assure celui qui est aussi reconnu par la Maison des lanceurs d’alerte, le Défenseur des droits et l’ONU. Au-delà d’une aide juridique, c’est « avant tout un soutien moral ». « Il est réconfortant de s’entendre dire que l’on a raison, estime l’enseignant, mais les lanceurs d’alerte sont encore peu pris au sérieux en France. »

S’il subit toujours des pressions, Olivier Paolini confie : « Maintenant que je suis protégé légalement, je n’ai aucun problème à continuer à travailler à l’IME. C’est dur, certes, mais j’aime mon métier. » L’enseignant le reconnaît : « Dans mon cas, être fonctionnaire de l’Education nationale est une chance. D’autres professionnels de l’IME – éducateurs spécialisés, moniteurs-éducateurs, aides médico-psychologiques ou aides-soignants – voudraient dénoncer la situation, mais ils sont salariés de l’association qui gère l’institut et craignent pour leur emploi. Dans le médico-social, beaucoup de contrats sont à durée déterminée, ce qui empêche la libération de la parole. »

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