Psychiatre et coauteur du livre La révolte de la psychiatrie (éd. La Découverte, 2020), Mathieu Bellahsen dénonce régulièrement les dysfonctionnements du secteur. Chef de pôle dans l’unité d’un hôpital de la banlieue parisienne, il a été démis de ses fonctions en juillet 2021, après avoir mis en cause les pratiques de sa direction lors du premier confinement, en mars 2020. « Une unité Covid avait été mise en place au sein de l’hôpital. Tous les patients étaient enfermés dans leur chambre, ce qui est illégal. Il ne faut pas confondre confinement sanitaire et isolement psychiatrique. C’est ce que j’ai dénoncé dans un mail envoyé à ma direction à la mi-avril 2020 », explique-t-il.
Sans réponse après avoir une seconde fois alerté ses supérieurs, le psychiatre prévient le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL). Lequel lui donne raison : dix jours plus tard, l’ensemble des patients ne sont plus enfermés. « A partir de là, je vais subir la répression pendant un an », relate le praticien. Une enquête administrative est ouverte à son encontre ainsi qu’à celle de deux collègues, au motif d’abus de pouvoir, de maltraitance et de harcèlement : « Pendant neuf mois, la direction va recueillir le témoignage d’un certain nombre de personnes tout en refusant d’entendre une vingtaine de collègues qui souhaitaient se prononcer en ma faveur. Tout au long de la procédure, la direction va réprimer bon nombre de mes droits, notamment le droit à protection fonctionnelle accordée à tous les agents du service public. En juin 2021, la directrice va même diffuser un texte de sept pages m’accusant d’être responsable de la mort et de la fugue de patients et d’une épuration des professionnels. »
Suspendu de ses fonctions, Mathieu Bellahsen, décide, en juillet 2021, de porter plainte auprès du tribunal administratif. Soutenu par la Maison des lanceurs d’alerte, il déplore le manque de formation et d’information des professionnels du sanitaire, du social et du médico-social : « Dans l’imaginaire commun, le lanceur d’alerte est une personne qui dénonce des crimes ou des délits de blanchiment d’argent, mais pas de la maltraitance en établissement social et médico-social ou des dysfonctionnements en milieu hospitalier. »