Qu’est-ce qu’une espèce en voie d’extinction ? Une espèce menacée. Une rapide définition est donnée sur le site ministère de la Transition écologique : « Certaines espèces de faune et de flore sauvages sont particulièrement menacées, notamment du fait des activités humaines. Ces menaces peuvent conduire à la raréfaction, voire à l’extinction de telles espèces, sur tout ou partie des territoires qui les hébergent. L’état de conservation de ces espèces est considéré comme mauvais ou défavorable lorsque les paramètres qui conditionnent leur dynamique ou qui évaluent la quantité et la qualité de leurs habitats se dégradent à un niveau tel que la viabilité de leurs populations sur le long terme est remise en cause. »
C’est fou les similitudes avec les travailleurs sociaux. En effet, on le vit tous les jours : les postes non pourvus, les démissions des collègues et les personnes accompagnées qui ne le sont plus vraiment. Selon un baromètre publié en 2022, environ 30 000 postes seraient ainsi vacants dans le secteur associatif sanitaire, social et médico-social.
Les scientifiques estiment souvent qu’une des causes principales de l’extinction d’une espèce est la dégradation de son milieu de vie, ce qui revient à nos conditions de travail : horaires, surcharge de tâches, manque de reconnaissance, management inapproprié… Et le sens ? Parlons-en du sens de notre travail ! A commencer par les décisions politiques hors sol. Je veux dire par là que si l’aide sociale coûte cher à la collectivité et qu’elle ne démontre pas son efficacité, la meilleure des choses est de se tourner vers les experts de terrain pour apporter enfin des réponses cohérentes plutôt que d’écouter les savants hydroponiques pontifier sur notre réalité. Ce n’est quand même pas sorcier !
Et avant d’arriver au stade de la réintroduction de notre espèce, il serait peut-être bon de stopper l’hémorragie et d’améliorer les conditions de travail qui permettraient (ma main au feu) d’augmenter instantanément la population des travailleurs sociaux dans leur milieu de vie originel. Cela passe nécessairement par une législation respectueuse et cohérente avec les réalités de terrain, un encadrement confiant, une marge de manœuvre et une liberté d’action pour les professionnels.
On n’est pas des bêtes quand même, et moi, je ne m’appelle pas Melba, l’ourse des Pyrénées, abattue d’une balle dans la tête.