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Années 1950 : exils de jeunes en Méditerranée

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« Mer, navires, avions : la traversée de la Méditerranée racontée par de jeunes exilés ». Présentée à Aubervilliers jusqu’au 22 décembre, cette exposition coordonnée par l’historien Mathias Gardet et portée par huit unités de recherche se poursuit virtuellement(1).

L’escale 1 de cette étonnante scénographie recueille la parole des jeunes Algériens (en majorité des garçons) placés, après arrestation, dans des centres franciliens d’observation de l’éducation surveillée, des années 1940 à 1970. Ils sont ainsi plusieurs centaines parmi les milliers de dossiers individuels d’archives judiciaires aujourd’hui classées. Parole « libre », d’abord : l’entretien d’entrée est transcrit par l’éducateur en « je ». On apprend ainsi d’où ils viennent, les motifs de leur départ – l’appel d’un frère, d’une sœur, ou « je ne sais pas pourquoi, c’est ma tête qui m’a dit de le faire, sans prévenir mes parents » – et leur traversée. Mais aussi des paroles provoquées, voire confisquées : ainsi, le procédé de la « fausse classe » inventée par les psychologues visait à obtenir les tests psychologiques requis par le régime d’observation. De nombreux dessins également de bateaux, d’avions, de mer, où « ils ouvrent leur cœur, leurs souvenirs, leurs joies et leurs peines, leur passé et leur présent, et qui esquissent, sous forme de cartes, une drôle de géographie ». On leur a dit : « Dessine la France », à partir du modèle hexagonal, et ils se sont débrouillés, non sans humour, pour y placer Alger à la place de Paris, Caen en Afrique du Nord… Où logent-ils ici, quelle scolarité (ou non), quels boulots de chaque côté de la Méditerranée, quels loisirs dans les grandes villes ? Et aussi, sur d’autres panneaux, leurs rêves et leur sexualité, tant là-bas qu’ici.

Les escales 2, 3 et 4 proposent des parcours en littérature contemporaine de ces traversées de jeunes exilés ; un travail de recherche historique et sociologique en Seine-Saint-Denis sur les jeunes isolés connus de l’ASE entre 1990 et 2018 ; et, enfin, une recherche collaborative linguistes-professeurs-éducateurs PJJ sur les répertoires et pratiques langagières de mineurs non accompagnés suivis à la PJJ, au gré de leurs environnements successifs. Toutes ces pages web donnent à voir et à entendre via de nombreux podcasts, ainsi qu’une émission spécifique de RFI. Ainsi, à l’escale 1, les portraits et biographies sont complétés par une vingtaine de fichiers audio : lectures de notes de comportement, d’examens psychiatriques, de rédactions en classe, de rapports de fin d’observation, d’enquêtes sociales.

De quoi passionner, grâce à l’archive éclairée, tous les travailleurs sociaux en contact aujourd’hui, de près ou de loin, avec ces situations d’exil, tout autant que les jeunes concernés, les scolaires…

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