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L’engrenage

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Dans ce récit-enquête, écrit à la première personne, la journaliste Laurène Daycard décortique la mécanique de la violence qui amène des hommes à tuer leurs femmes. De l’étude de ces féminicides conjugaux, l’autrice parvient à dessiner les dynamiques à l’œuvre au sein des couples, jusqu’au passage à l’acte final, et bien au-delà de la rubrique du simple fait divers sous laquelle ces crimes ont longtemps été classés. Mue par son histoire familiale marquée par la violence conjugale, son enquête souligne la complexité des relations entre les victimes et leurs bourreaux, mais aussi tout leur entourage. Elle décrit notamment les « sur-meurtres », c’est-à-dire « l’acharnement contre le corps des femmes » : « Les meurtriers enchaînent souvent les coups de couteau, de poing, ou criblent de balles la dépouille. » L’ouvrage rend surtout hommage aux « absentes », ces femmes victimes de la violence de leur conjoint, « un jour prédateur, le lendemain charmeur ». En s’attachant à des cas précis, Laurène Daycard montre la banalité des situations qui mènent à ces issues morbides. Certains préjugés sont démontés : la violence conjugale s’avère encore plus insidieuse dans les classes aisées où « plus on monte dans la hiérarchie sociale, moins le risque d’être condamné pour ces faits est élevé ». Le cas de Sofiane, qui a tué Seloua après avoir battu Magali pendant des années, sert de fil rouge à ce récit : le témoignage de Magali, la survivante, incarne l’engrenage de la violence commise par son conjoint, lequel a fini par tuer sa compagne suivante. L’autrice se rend au procès du meurtrier qui écopera de 23 ans de prison. Elle s’intéresse aussi à ceux qui restent, principalement les enfants, « victimes directes » et non « collatérales » des féminicides. Après avoir recueilli la parole des victimes, elle est allée écouter celle des coupables, pour « entendre ce qu’il se passe dans la tête des agresseurs ». Et de rappeler que, en France, « moins de 20 % des faits de violences conjugales entraînent un dépôt de plainte ».

Notes

« Nos absentes. A l’origine des féminicides » – Laurène Daycard – Ed. du Seuil, 19€.

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