Comment faire face au manque de main-d’œuvre qui frappe le secteur du travail social au Pays de Galles ? Une étude que vient de publier la BBC permet de mesurer en détail l’ampleur de la situation : « Il y a environ 485 postes vacants dans 17 des 22 circonscriptions, selon les déclarations des autorités locales. Plus des deux tiers concernent les services sociaux à l’enfance. Les circonscriptions de Newport, Bridgend, et Ceredigion avaient toutes des taux d’inoccupation de plus de 30 % », précise le média britannique.
Pour comprendre ce phénomène, la BBC a interrogé entre autres les acteurs de la protection de l’enfance. Outre les questions des salaires, de la reconnaissance professionnelle et de la progression de carrière, les travailleurs sociaux insistent sur l’image dégradée de leurs métiers. « Je dois expliquer aux gens que nous ne sommes pas une commission », témoigne Ailsa Stephens, travailleuse sociale depuis près de treize ans : « Je ne suis pas là pour enlever les enfants à leur famille, nous n’obtenons pas de bonus [financier] pour cela et nous ne bénéficions pas de promotions. Les gens pensent encore cela et je n’arrive pas à y croire. Il y a beaucoup de mauvaise presse. Et nous n’entendons pas parler de toutes les choses merveilleuses qui se produisent. » Au Royaume-Uni, plusieurs faits divers tragiques impliquant des cas de maltraitance des enfants ont mis en lumière la faillite d’une aide sociale à l’enfance incapable de remplir son rôle.
« Je pense que nous ne voyons pas assez d’articles de presse positifs sur ce que fait le travail social. Nous devons commencer à rehausser notre image en tant que profession indispensable. Nous ne pouvons pas vivre sans les travailleurs sociaux », renchérit Michelle Culwick, responsable du programme de travail social à l’université de South Wales. Alors que les demandes explosent, le nombre d’étudiants inscrits à des cours de travail social demeure largement insuffisant. Selon les chiffres officiels du gouvernement gallois, 242 s’étaient engagés dans un cursus universitaire en 2020-2021, contre 260 en 2016-2017.
Parfaitement au fait du problème, les autorités ont mis au jour à la fin du mois de septembre un vaste plan d’action étalé jusqu’à la fin de la décennie, avec pour objectif de « renforcer la confiance dans la main-d’œuvre, diriger et soutenir l’amélioration des services sociaux ». Et pour ambition que « d’ici 2030, les soins de santé et les services sociaux soient établis en tant que marque forte (sic) et reconnaissable, et s’impose comme un secteur de choix pour notre future main-d’œuvre ».
Pour l’atteindre, les services sociaux gallois s’engagent notamment « à ce que tous les étudiants admissibles en travail social reçoivent une bourse ». Moins disert et concret sur la question des rémunérations et des progressions de carrière, le plan insiste sur ses solutions pour rehausser l’image dégradée de la profession : « Nous développerons le rôle des ambassadeurs du travail social pour aider à promouvoir le secteur, défendre les personnes qui y travaillent et encourager les autres à envisager une carrière en travail social. » Les autorités assurent aussi avoir déjà démarré « une campagne de marketing destinée aux écoles et aux collèges », et fourni un soutien accru au programme baptisé « WeCare Wales », censé doper le recrutement et pérenniser les emplois du secteur.