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L’insécurité du lendemain

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La pauvreté est de toutes les époques. De toutes les souffrances aussi. « Mais de cela il est rarement question aujourd’hui tant elle est d’abord affaire de chiffres, de catégorisation et de seuils mouvants au gré des fluctuations sociales », souligne Laurence Fontaine dans un livre consacré aux façons dont les pauvres vivaient au XVIIIe siècle. Un plongeon dans l’histoire et dans une société pétrie d’inégalités, basé sur des biographies et des parcours de vie d’un grand nombre de personnes et de familles, d’où émerge une sorte de « science de la survie », au jour le jour, pour réussir à joindre les deux bouts et ne pas sombrer. A l’époque, c’est l’Eglise qui aide les nécessiteux. « De fait, les privilégiés interagissent sans cesse avec ceux qui n’ont rien, ou pas grand-chose, par l’aide directe qu’ils apportent à leurs dépendants, car, on le verra, la charité est la justification morale de la supériorité de leur statut, par les projets qu’ils forment pour éradiquer la pauvreté, par les réalisations qu’ils mettent en place pour aider les plus miséreux, ou certaines catégories d’entre eux, pour cacher aussi cette misère qui tout à la fois les apitoie, les conforte dans leur supériorité, ou leur fait peur, quand elle frappe trop fort et que la colère gronde ou éclate. » Comme aujourd’hui, la majorité des pauvres sont des femmes. La seule possibilité de travail pour beaucoup est d’être domestique ; d’autres se prostituent pour survivre. L’historienne analyse également combien il est difficile pour les ménages de manger à leur faim et de se loger tant les loyers sont chers. Expulsions et déménagements s’enchaînent alors… Outre sa remarquable documentation, l’un des intérêts de cet ouvrage est de montrer que, deux siècles plus tard, la pauvreté est considérée comme un état à partir d’un seuil économique qui la définit. Or, pour l’auteure, elle représente d’abord un risque. Une insécurité existentielle qui empêche de se projeter dans l’existence et de donner un sens à sa vie.

Notes

« Vivre pauvre. Quelques enseignements tirés de l’Europe des Lumières » – Laurence Fontaine – Ed. Gallimard, 24 €.

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