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Petits et grands secrets

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Cette édition des ASH a quelque chose de spécial : c’est la première fois que notre titre confie à ses lecteurs la rédaction d’un grand nombre de pages. Beaucoup de professionnels ont répondu à notre appel à contributions, et il nous a fallu faire des choix, écarter parfois des textes soit parce qu’ils étaient trop abstraits même si agréablement littéraires, soit parce que l’intention demeurait vague, ou encore parce que tel ou tel cas précis aurait requis un travail journalistique qui aurait dénaturé l’écrit. Quoiqu’il en soit, merci à tous ceux qui nous ont envoyé leur prose, ils ont nourri notre réflexion.

Le thème proposé a lui aussi quelque chose de spécial. Car le secret revêt diverses parures, plus ou moins choisies. Dans l’action sociale et médico-sociale, où la relation et le dialogue représentent des outils de travail, une confidence est vite arrivée. Comment l’accueillir, comment l’appréhender ? Faut-il garder le secret ou le lever ? Et, le cas échéant, comment ? Peut-on se laisser imposer un secret et, sinon, comment le contourner ?

Le sujet est vaste, et il eût été vain de tenter de le traiter de manière exhaustive. En effet, selon le champ d’exercice des métiers, les enjeux varient. En tant qu’éducateur en prévention spécialisée, garder le secret confié par un ado semble aller de soi. Et le confier à un collègue n’a rien de commun avec le fait de le consigner dans un dossier dont on ne sait, dans le temps, qui sera amené à le lire (lire page 8). Evoluant dans un autre domaine, une éducatrice nous a dit son refus catégorique de se faire réceptacle d’un secret : « À la question : “Est-ce que je peux te confier un secret ?”, ma réponse est non. Car cela implique une dualité, alors que nous devons absolument travailler en équipe. » Mais dans une relation d’aide, n’est-il pas cruel de condamner une personne au mutisme ?

Il existe également des secrets que l’on devine. Mais s’ils ne sont pas confiés, ils restent des doutes. Alors, qu’en faire ? Tenter de les recueillir, mais, en cas d’échec, ces doutes doivent-ils apparaître quelque part ? Par ailleurs, du secret à l’information – dite « préoccupante » en protection de l’enfance –, il n’y a qu’un pas (lire p. 12), parfois trop vite franchi. De même de l’intime au secret, notamment lorsqu’un professionnel intervient à domicile (lire p. 31). Si, avec le temps, un cadre juridique s’est peu à peu dessiné (lire p. 22), le flou peut encore s’inviter au cas par cas.

Enfin, que penser de l’appréhension personnelle de chaque cas rencontré par un professionnel ? Car quel individu – au sens propre du terme – travaillant dans un domaine souvent appelé « métiers de l’humain » peut échapper à sa condition humaine, justement, alors qu’il tisse une relation avec un congénère ? La célèbre « juste distance » doit-elle, au nom de l’objectivité, réduire le sujet – au sens de personne – au statut d’objet ?

Autant dire que l’objet de ce numéro spécial mériterait plusieurs éditions des ASH, voire un sujet de bac philo.

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