Il est souvent compliqué de faire parler un ancien… Parfois vulnérables, esseulées, blessées par la vie ou, plutôt, par la mort d’un proche qui les a souvent amenées à intégrer notre résidence, les personnes âgées ne se confient pas toujours facilement, et encore moins à une personne derrière un bureau !
Ce bureau, un meuble, un obstacle, une barrière entre eux et moi. Au sens propre comme au sens figuré, d’ailleurs.
Rester derrière son bureau quand cela doit rester formel et savoir l’effacer, au besoin, pour que cela devienne plus personnel, plus intime.
S’asseoir avec eux, boire un café, partager un bout de chemin ensemble, bras dessus, bras dessous… Les inviter, l’air de rien, à s’ouvrir en leur offrant un peu de moi et un peu de mon temps. C’est donnant-donnant.
Il faut savoir entendre, écouter, lire entre les lignes, rebondir aussi, parfois. Ne jamais être intrusif tout en poussant à la confidence à l’aide d’une blague, d’une anecdote ou d’un souvenir. L’art de dédramatiser une histoire tout en lui accordant le crédit qu’elle mérite.
Nombreux sont ceux qui cachent des secrets de famille, qui enfouissent en eux leurs douleurs ou des regrets. Savoir les déceler, les interpréter aussi. Respecter, ne pas juger. Toujours dans l’empathie, mais pas dans la pitié.
Et surtout, quand une personne se confie, qu’elle vous a fait confiance et dévoilé un secret, ne jamais la trahir… Quand vous pensez que le secret révélé mérite d’être confié, à son tour, à l’équipe chargée du bien-être de la personne, demander à celle-ci l’autorisation de le leur divulguer. Sinon, le garder en vous comme un cadeau, un trésor qu’on vous a fait. Une ultime démonstration de reconnaissance.
Alors voilà, peut-être que certains trouveront à redire, après tout, on ne peut pas plaire à tout le monde. Mais voilà comment moi, « madame la secrétaire », comme ils aiment à m’appeler, j’obtiens une partie d’eux-mêmes, mais chut… c’est un secret !